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Article publié le 16/01/2023
Mis à jour le 16/01/2023

Anthony Demanez, retour aux sources dans l’Avesnois

En 2019, Anthony Demanez est revenu dans la ferme familiale de l'Avesnois. Objectifs : s'installer, fabriquer son fromage directement à la ferme et y développer la vente directe. Accompagné par le Parc naturel régional de l'Avesnois, il plante chaque hiver les essences locales.

Depuis qu'il est revenu il y a quatre ans, il n'arrête pas ! 112 hectares de prairies naturelles, 85 vaches laitières… il y a de quoi faire ! Pour se former, Anthony Demanez a choisi la voie de l'apprentissage et développe son projet : construire une vraie fromagerie pour transformer le lait et vendre sa production directement à la ferme.

Pourtant, ce chemin était loin d'être tout tracé : "j'ai passé 26 ans à dire que je ne m'installerais jamais à la ferme, raconte le jeune homme. Que c'était un métier où l'on travaille trop pour trop peu de revenus… " Il faut dire que l'histoire d'Anthony Demanez ne permet pas d'occulter les difficultés de la vie agricole. Ses parents étaient installés depuis une dizaine d'années quand son père a mis fin à ses jours en 2010 : "c'est malheureusement fréquent chez les agriculteurs, souffle-t-il. Alors ma mère a continué seule. Elle a fait labelliser la production "bio" en 2017 pour une meilleure valorisation du lait."

"Planter des arbres, et faire du fromage… c'est pas si mal !"

De son côté, Anthony passe le bac, fait des études à Lille, travaille un temps en restauration, mais ne trouve pas sa voie. Il s'investit dans l'associatif et notamment le collectif Parasites, une association de jeunesse et d’éducation populaire qui œuvre dans l'Avesnois et avec lequel il participe, entre autres, à des chantiers participatifs de plantations de haies ! "J'ai ensuite effectué un voyage à vélo jusqu'en Turquie, ça m'a permis de vraiment faire le point sur ce que je voulais faire et j'ai petit à petit changé de regard. J'ai réalisé que planter des arbres, et faire du fromage… ce n'était pas si mal !"

Des haies, des fruitiers, des têtards…

C'est ainsi qu'Anthony a choisi de revenir sur l'exploitation familiale auprès de sa mère. L'une des particularités de la ferme est qu'elle est composée de prairies naturelles, de bocage préservé. "Mes parents n'ont jamais vu l'intérêt d'arracher les haies, explique-t-il. On n'a jamais fait de culture qui aurait nécessité le passage d'engins agricoles, comme pour le maïs par exemple."
Malgré cela, Anthony Demanez plante chaque hiver avec le soutien du Parc naturel régional de l'Avesnois : "je travaille souvent avec les équipes du parc ! Hier encore, il y avait un chantier de plantation d'arbres fruitiers avec l'école du village. Je suis accompagné pour les dossiers de financement ou dès que j'ai besoin de conseils ! On a beaucoup de chance d'avoir le PNR de l'Avesnois, ils font un énorme travail de préservation et de replantation du bocage."

Faire vivre un patrimoine

Pour le jeune homme, outre tous les aspects pratiques (ombre, abris, biodiversité, pâturages tournants dynamiques, etc.) planter ces haies et ces arbres revient aussi à faire vivre un patrimoine : "dans les années 50, il y avait des arbres fruitiers partout ici ! L'Avesnois était la première région productrice de pommes. Devant la Normandie ! Mais on en a énormément arraché. Aujourd'hui, je veux replanter et avoir plusieurs productions sur une même pâture, ça me permettra à terme de proposer des produits différents en vente directe. Et c'est beau ! En tant que paysans, on façonne aussi le paysage !"

Le PNR de l'Avesnois, avec le soutien financier de la Région Hauts-de-France, travaille au quotidien aux côtés des agriculteurs pour la restauration et l'extension du bocage et des arbres fruitiers.