À Roubaix, la Piscine fête 20 ans d’art et de beauté
Inauguré en 2001, le musée de la Piscine de Roubaix, un des plus visités des Hauts-de-France, fête ses 20 ans ce mois d'octobre. Retour sur une métamorphose.
C’est l’histoire d’une métamorphose. Celle opérée il y a 20 ans à Roubaix par la piscine municipale André Diligent devenue aujourd’hui l’un des plus prestigieux (et des plus visités) musée de beaux-arts et d’art décoratif de France. Si l’inauguration officielle remonte à 2001, le projet d’un musée à Roubaix, lui, remonte au début du 19e siècle et trouve ses racines dans l’histoire et la culture textile de la ville. Dès 1835 en effet, souhaitant pour des raisons de protection commerciale conserver et répertorier leurs échantillons de tissus, les manufactures de la cité, en plein âge d’or du textile dans le Nord, commencent à archiver leurs créations. Les échantillons sont d’abord entreposés dans les locaux du Conseil des Prudhommes, puis à la bibliothèque municipale, dans laquelle une annexe est dédiée pour leur exposition au public. Des objets liés à l’histoire et au patrimoine de la ville, provenant de particuliers et des paroisses viennent peu à peu compléter cette collection, formant alors, de façon assez hétéroclite, un embryon de musée.
La "plus belle piscine de France"
Il faut attendre le tournant du 20e siècle, précisément 1902, pour que, sous l’impulsion de l’ancien directeur de la revue des arts décoratifs, Victor Champier, le musée s’enrichisse d’œuvres contemporaines, grâce en partie à des dotations de l’État. Les collections finissent par s’installer alors à l’Hôtel de ville, au rez de chaussée, avec notamment des sculptures et des œuvres du peintre roubaisien Jean-Joseph Weerts. Faute de fréquentation, et surtout de lieu adapté à la mise en valeur des œuvres, et après de nombreuses vicissitudes, il fermera ses portes en 1981. Huit ans plus tard, en 1989, la municipalité émet alors l’idée de reconvertir en musée la piscine municipale, fortement dégradée au point d’avoir dû fermer ses portes au public en 1985. C’est effectivement un bâtiment magnifique, construit au cœur de la ville en 1922 dans le meilleur du style art-déco qui lui valut à l’époque le titre de "plus belle piscine de France". Conçue sur deux étages, équipée de bains-douches, éclairée par des vitraux qui la baignent de lumière et donnant sur un jardin de roses, le site est exceptionnel.
Chagall, Claudel, Picasso, Giacometti...
Un appel à projet international est alors lancé et les travaux, coordonnées par l’architecte lauréat Jean-Paul Philippon débutent en 1998. Parallèlement, aux termes d’une convention avec l’État, plusieurs musées nationaux, dont le musée d’Orsay, permettent de constituer une très belle collection, en particulier de sculptures pour l’ouverture au public, marquant tout à la fois la véritable métamorphose de la piscine municipale et la renaissance du musée de Roubaix. Inaugurée en 2001, la Piscine fête donc cette année ces 20 ans. Vingt ans durant lesquels elle aura déjà accueilli, outre ses collections permanentes, des expositions consacrées à Chagall, Camille Claudel, Picasso, Giacometti, Di Rosa… Avec 200 000 à 250 000 visiteurs chaque année, elle se classe aujourd’hui parmi les musées les plus visités et appréciés des Hauts-de-France, permettant aussi à notre région de rayonner bien au-delà de ses frontières.
Pour fêter ses 20 ans la Piscine rendra hommage à un grand artiste qui a marqué l’histoire du musée, Mahjoub Ben Bella, lui aussi né un 20 octobre, en 1946, et mort le 11 juin 2020. Lors de la soirée d’anniversaire, un "mapping" sur l’eau du bassin projettera une fresque de Mahjoub Ben Bella. Cette performance sera accompagnée d’une création originale du Ballet du Nord chorégraphiée par Jean-Paul Comelin.
