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Article publié le 02/09/2022
Mis à jour le 02/09/2022

Podcast : la libération des Hauts-de-France

A l'occasion du 3 septembre, date de la libération de la ville de Lille, la Région vous propose un podcast sur la libération des Hauts-de-France. D'Amiens à Lille, revivez les scènes de joies si caractéristiques de la libération, qui ont été vécues dans toute la région des Hauts-de-France, entre le 31 août et le 5 septembre.

Lisez le texte du podcast

Amiens. Jeudi 31 Août 1944. À 3h30 très précisément les premières unités de la 2ème division blindée britannique, en provenance de Pont-de-Metz, entrent dans la ville encore endormie par le boulevard Châteaudun.

Les résistants des Forces Françaises de l’Intérieur comme ceux des Francs-tireurs, prévenus par des fusées éclairantes de l’imminence des combats, se dirigent vers les zones qui leur ont été assignées. Certains prennent la direction de la Préfecture, d’autres vers les différents ponts de la ville. Les combats s’engagent. Ils sont violents. Malgré toute la détermination de la résistance, le Pont-Neuf comme les ponts Cagnard, du Maulcreux ou des Célestins sont soufflés par des explosifs allemands.

À 7h du matin le drapeau français flotte sur la Préfecture libérée. À 8h la résistance organise la prise du pont Beauvillé. Un pont qui doit être absolument préservé pour permettre à la colonne britannique de remonter vers le Nord et la Belgique. Malgré les tirs d’armes automatiques, les résistants arrivent à le sauver en coupant les fils reliés aux charges explosives. À 9h45 les premiers chars prennent position aux abords de la Gare du Nord tandis que les troupes allemandes battent en retraite… à midi la population amiénoise en liesse envahit les rues de la ville tandis que les cloches de la Cathédrale Notre-Dame sonnent pour fêter la libération.

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Lille. Dimanche 3 septembre 1944. Il est 17 heures quand résonnèrent les derniers coups de feu. Après plus de 4 ans d’occupation, la ville était enfin libérée… le drapeau de l’occupant qui flottait au balcon de l’immeuble de la Nouvelle Bourse, siège de la Kommandantur, était jeté à terre… dans toutes les rues, les drapeaux tricolores fleurissaient aux fenêtres. Les automobiles récupérées sur l'ennemi, surchargées de combattants de la résistance, traversaient la ville dans un concert de klaxons. Près de la place de la Préfecture deux automitrailleuses anglaises prenaient position. Elles furent très vite entourées par la foule des promeneurs qui accueillait dans la joie ce maigre détachement motorisé allié.

Depuis quelques jours déjà les Lillois se doutaient bien que l’occupant allait partir. Pour preuve : Des convois de camions chargés de troupes et de fournitures circulaient de nuit comme de jour sur les routes. La plus grande partie du matériel stocké dans les casernes de Lille avait été transféré par convois ferroviaires… le 1er septembre des colonnes de chars avaient traversé le centre-ville par la rue Esquermoise pour prendre la direction de la Belgique… même la Gestapo et la police militaire avaient abandonné leurs bureaux de la rue de Tenremonde et du boulevard de la Madeleine !

Lille était libérée, c’était là l’essentiel. L’occupant avait fui et pour les lillois pouvait démarrer la grande liesse de la libération.

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Ces scènes de joies si caractéristiques de la libération ont été vécues dans toute la région des Hauts-de-France entre le 31 août et le 5 septembre, car la libération de la région des Hauts-de-France a été une opération menée au pas de charge. Une reconquête militaire restée dans les annales par sa rapidité et son efficacité : une libération éclair !

6 jours après la libération de Paris, Le 31 août 1944, les alliés se remettent en mouvement et s’attaquent à la libération du Nord en remontant en diagonale de Paris jusqu’à la frontière belge.

Pour la reconquête du territoire, les troupes américaines du général Bradley partiront de Péronne le 1er septembre pour remonter vers les villes de Cambrai et Valenciennes libérées toutes deux le 2 septembre. Les Canadiens et les Polonais libèreront Abbeville le 31 août avant de se séparer. La bande côtière est attribuée aux canadiens qui libéreront Montreuil-sur-Mer le 4 septembre, les Polonais dans les terres prendront la direction de Saint Omer qui sera libérée le 5. La 2ème Armée britannique du général Dempsey, placée au centre, fera la jonction entre les deux colonnes offensives. Elle libèrera Amiens le 31 août, Arras et Douai le 1er septembre, puis Lens le 2 et Lille le 3... Au soir du 5 septembre 1944, la libération du Nord-Pas-de-Calais est quasi totale.

Pourquoi « quasi » ? Parce qu’il reste 3 poches allemandes que les alliés ont préféré éviter pour mieux progresser et atteindre la Belgique le plus rapidement possible. 3 ports qui se nomment Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque. 3 ports qui ont été érigés en forteresse et qui ont vu en septembre leur garnison et leur puissance de défense portées au maximum sur ordre d’Hitler. 3 ports stratégiques qui permettront aux alliés d’asseoir définitivement leur supériorité. À condition d’en reprendre le contrôle. Commence alors la bataille des ports.

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L’opération "Wellhit" fut lancée le 17 septembre mais depuis 15 jours déjà les forces alliées canadiennes qui ont encerclé Boulogne-sur-Mer, harcèlent avec l’aide de la résistance les avants postes allemands.

Depuis 15 jours, mortiers, obusiers, canons, navires ou encore escadrilles de bombardiers déversent leurs bombes sur les différentes places qui composent une forteresse qui peut compter sur 10 000 hommes aguerris pour la défendre. Car avant de s’emparer de la ville et prendre le port, ordre est donné de réduire au silence les forts qui se trouvent notamment sur les hauteurs de la Crèche, d’Outreau, d’Herquelingues ou du Mont Lambert pour ne citer qu’eux. La violence des combats est telle, qu’une trêve est décidée pour évacuer les quelques boulonnais qui y vivent encore. 8000 sortiront. 1000 resteront terrés chez eux.

Le 17 septembre l’assaut final est lancé par les hommes de la 3ème division d’infanterie. Le 22, 5 jours plus tard, les canadiens libèrent définitivement Boulogne sur Mer qui n’est qu’un champ de ruines… Avec 487 bombardements recensés la ville détient le triste record de la commune française la plus bombardée pendant la seconde guerre mondiale. Tout est à reconstruire. Le port est remis en service le 12 octobre. 9517 soldats allemands sont faits prisonniers, les canadiens déplorent 634 tués, blessés ou disparus dans leurs rangs.

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L’opération "Undergo" pour libérer Calais se déroulera du 25 septembre au 1er octobre.

L’opération est plus complexe que l’opération "Wellhit" car elle comporte un double volet. Libérer Calais mais surtout réduire au silence les batteries d’artillerie que les allemands ont posté du cap Gris-Nez jusqu’au cap Blanc-Nez. Dans la région de Calais les allemands disposaient en 1944 de 42 canons lourds dont la portée menaçait directement les navires croisant au large de Boulogne-sur-Mer mais également les côtes anglaises comme la ville de Douvres.

Le premier volet de l’opération est la prise de Wissant par la 7ème brigade canadienne dès le 6 septembre afin d’isoler les batteries du cap Gris-Nez avec la forteresse de Calais.

Le 25 septembre à 10h15 ordre est donné d’attaquer. Comme pour l’opération "Wellhit"... c’est d’abord un déluge de bombes qui s’abat sur les différentes places. Des écrans de fumée de plusieurs kilomètres masquent l’avancée des canadiens et rendent pour les allemands la défense compliquée. Sangatte et sa batterie tombe le 25 après-midi.

Presque sans combattre la batterie installée au cap Blanc-Nez se rend.

Les unités canadiennes se retrouvent aux portes de la ville dont les fortifications rendent difficile toute progression.

Le 26 septembre, pour le second volet, 532 avions du Royal Air Force Bomber Command déversent leurs bombes sur les positions du cap Gris-Nez. Le 28 septembre 302 bombardiers refont un passage. Le 29 septembre l'artillerie ouvre le feu au lever du jour. L’attaque de l’infanterie est donnée à 6h35 précise après un tir de barrage. Malgré des fortifications importantes, les allemands sans résistance se rendent.

À Calais, depuis le 27 septembre, les hommes du lieutenant-général Schroeder sont recroquevillés sur leurs positions, constamment harcelés par les unités canadiennes, ils n’ont plus d’illusions sur l’issue de la situation. Une trêve est convenue le 29 afin de permettre l'évacuation de 20 000 calaisiens. Le 30 le commandement allemand se rend. Calais est libérée. Les installations portuaires, détruites par les allemands, ne seront opérationnelles qu’en novembre.

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Dès le 10 septembre les troupes alliées encerclent totalement la poche de Dunkerque tenue par près de 17 000 hommes sous le commandement de l’Amiral Frisius dont 2000 Waffen SS. Hitler avait fait de cette ville détruite à 90% depuis les bombardements de 1940, l’une de ses pièces maitresses, le port avait donc été reconstruit. L’ensemble était devenu une forteresse.

Les premiers assauts de la 2ème division d’infanterie canadienne sont repoussés avec une telle hargne par l’occupant allemand que l’état-major alliés se doute assez vite que vouloir pénétrer de force dans la ville conduirait à un bain de sang.

Alors plutôt que de faire tomber la ville, les alliés décident le 15 septembre de l’assiéger et mettent en place une stratégie de harcèlement : reconnaissance agressive, tirs d’artillerie, bombardements ciblés et diffusion de la propagande.

Et puis surtout, les ordres avaient changé. Le port d’Anvers quasi intact était devenu LA priorité pour le général Eisenhower. Le Maréchal Montgomery déclara à propos de Dunkerque : "Dunkerque sera laissée pour être traitée plus tard, pour le moment elle sera simplement délaissée".

Et voilà comment Dunkerque fut « oubliée » sur le chemin de la libération par les Alliés. Les Canadiens, envoyés sur d’autres batailles sont remplacés par des forces Tchèques qui ont pour ordre de ne pas attaquer mais de maintenir la ville isolée du monde extérieur.

Dunkerque devient ainsi "le front oublié".

Il a fallu attendre le 9 mai 1945, le lendemain de la capitulation de l’Allemagne Nazie pour que l’amiral Frisius signe à son tour l’acte de reddition de sa garnison devant le général Liska commandant de la 1ère brigade blindée tchécoslovaque.

Ce sera le dernier acte de reddition de France et Dunkerque sera la ville de France qui a subi la plus longue période d'occupation allemande. Une occupation qui a débuté le 4 juin 1940 et qui s’est achevée le 9 mai 1945 soit 4 ans 11 mois et 5 jours plus tard…