Les pavés, trésor des Hauts-de-France
Comment les pavés du Nord, de simples morceaux de granit emblématique du Paris-Roubaix, ont gagné leurs lettres de noblesse.
Longtemps, dans l’imaginaire collectif, les pavés du Nord ont symbolisé l’austérité, la rudesse, et même la grisaille. Ce temps injuste et bel et bien révolu ! Aujourd’hui, nos pavés s’affichent fièrement, se bichonnent et se cajolent comme un joyau précieux. Installés sur les routes du Nord à l’époque de Napoléon 1ᵉʳ pour imperméabiliser le sol, ces pavés qui participent chaque année à la légende du Paris-Roubaix font partie tout à la fois de notre identité, de notre histoire, et de notre patrimoine.
Protégés comme des joyaux
Ils sont d’abord protégés. La circulation des véhicules est ainsi interdite toute l’année sur la célèbre fameuse "trouée de Wallers-Arenberg", ne s’ouvrant que s’ouvrant que pour le Paris-Roubaix. On distingue trois types de pavés, qui généralement se mélangent : les pavés de granit, les pavés de grès ”pif », clairs et lisses, et les pavés de grès “paf”, sombres et humides. C’est la combinaison des trois qui permet à la fois l’étanchéité des routes et une bonne circulation des eaux de pluies.
Chaque année, des centaines de jeunes pour les bichonner
Ce sont ces derniers, les « pafs », qui s’abîment le plus vite. Ils nécessitent donc un entretien régulier. En Hauts-de-France, ces soins prodigués avec passion à nos pavés sont assurés en grande partie depuis plus de 20 ans par des centaines d’élèves des Lycées horticoles de Raismes et de Lomme. C’est un rituel quasiment sacré : trois semaines avant le Paris-Roubaix, ces jeunes passionnés de patrimoine régional investissent nos routes et, un an un, polissent, remplacent et bichonnent chacun des pavés érodés par le temps. Ils veillent aussi à la bonne harmonie des couleurs produite par l’alternance de pavés gris, bleu irisés ou rouges, qui fait le charme unique des secteurs pavés des Hauts-de-France.
Du pavé à l'œuvre d'art
Au-delà de nos routes, le pavé du Nord est également promu au rang d’œuvre d’art grâce au trophée remporté par les vainqueurs de la course. Il s’agit bien évidemment d’un pavé, mais pas n’importe lequel. La fabrication des 14 trophées du Paris-Roubaix est en effet assurée par la marbrerie Slosse, située à Orchies, dans le pays de Douai. Elle est la seule marbrerie du Nord à bénéficier du prestigieux label « Entreprise du patrimoine vivant ». Pour cette entreprise familiale de 18 salariés, la fabrication des trophées reste chaque année un évènement.
C’est un tout jeune sculpteur d’à peine trente ans, Quentin Bielawski qui a repris la responsabilité du design des trophées depuis le départ en retraite de son prédécesseur. Compagnon du Tour de France, il a notamment fait ses armes sur le chantier de la Cathédrale de Rodez. Nos pavés honorifiques pour les vainqueurs, chacun pesant près de 15 kilos (5 pour les enfants) sont donc entre de bonnes mains !
