Mis à jour le 17/06/2020
De Gaulle, premières batailles
C'est dans les Hauts-de-France, lors de la bataille de Montcornet (02), que Charles de Gaulle, alors colonel, dirige le 17 mai 1940 la première grande contre offensive de la Seconde Guerre mondiale.
"Le moteur bouscule nos doctrines, le moteur bousculera les fortifications. Il faut créer des divisions cuirassées. Nous avons un matériel excellent, il s'agit de l'organiser comme l'emploient les allemands et nous aurons la supériorité sur eux." Lorsque qu’il rédige les mots de cette note confidentielle à l’attention de l’État-major des Armées, le 11 novembre 1939, hélas restée lettre morte, le colonel de Gaulle, alors âgé de 49 ans, ne sait pas encore qu’il dirigera la première contre-offensive française à Montcornet, en Hauts-de-France, contre l’attaque massive des panzers allemands sur notre sol national.
Nous sommes le 16 mai 1940. Lancée par Hitler dans la "bataille de France" , la Wehrmacht, très préparée et suréquipée en blindés puissamment motorisés, perce une à une les lignes de défense française sur le front de la Meuse et à Sedan, dans les Ardennes.
Les panzers allemands à deux jours de Paris
Les panzers du 19e corps d’armée du général Heinz Guderian, surnommé "Heinz le rapide", progressent très vite et rien ne semble en mesure de pouvoir les arrêter. Ils sont à deux petits jours de Paris. Convoqué en urgence par l’État-major et le général Doumenc, le colonel de Gaulle, alors à la tête d’une petite division cuirassée tout juste en train d’être formée, la 4e, se voit confier une mission quasiment impossible : établir un front de défense dans l’Aisne pour barrer la route de Paris aux panzers allemands.
C’est là que de Gaulle, en fin stratège, mais lucide et conscient de la faiblesse des moyens dont il dispose par rapport à ceux de l’assaillant, décide de fixer l’objectif de Montcornet, à une vingtaine de kilomètres de Laon.
La progression allemande ralentie
Il sait qu’il ne pourra probablement pas enrayer la progression des panzers allemands. Mais il sait aussi qu’il pourra les ralentir, voire leur infliger des pertes importantes. Dès le lendemain, à 4h14 du matin, 88 chars français vont au contact et attaquent la 1re Panzerdivision de "Heinz le rapide".
Les Allemands essuient des pertes et sont contraints de stopper leur inexorable progression sur Paris. Mais la contre-attaque, portée par la domination en nombre et en puissance du matériel allemand ne tarde pas. Affaiblies aussi par une quasi absence de moyens de communication, les forces françaises sont contraintes de se replier sur leurs bases au moment où, passé l’effet de surprise, l’aviation allemande fait son entrée sur le champs de bataille avec ses puissants Stuka.
De Gaulle avait raison
Pour l’Etat-Major français, une partie de l’objectif est néanmoins atteint. La bataille de Moncornet apparait en effet comme fondatrice de la capacité de résistance militaire, fondée sur l’arme blindée organisée de façon autonome. C’est aussi, a posteriori, la validation des analyses jusqu’alors méprisées du colonel de Gaulle, qui avait raison, dès 1939, de vouloir développer des divisions cuirassées au sein de l’armée française.
La bataille de Montcornet, outre le fait qu’elle révéla sur le terrain un de Gaulle stratège de la guerre moderne, aura ainsi permis de contribuer à modifier la doctrine militaire, la conduisant à s’appuyer d’avantage sur l’arme blindée motorisée. Ces leçons seront d’ailleurs mises en application moins de deux semaines plus tard, lors de la bataille d’Abbeville, toujours en Hauts-de-France, à la toute fin du mois de mai 1940. Avec ses chars et tout juste élevé au rang de général de brigade, de Gaulle y conduisit une offensive gagnante aux côtés des alliés écossais.