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Article publié le 10/02/2023
Mis à jour le 10/02/2023

Le sucre, l’autre bataille de Napoélon 1er

Le sucre, l'autre bataille de Napoélon 1er

En Hauts-de-France, nous produisons la moitié du sucre consommé dans notre pays. Nous le devons à notre position du numéro 1 pour la culture de la betterave et à... Napoléon 1er.

En Hauts-de-France, nous produisons chaque jour la moitié du sucre consommée dans notre pays, sous toutes ses formes. Nous le devons bien sûr à notre position du numéro 1 pour la culture de la betterave… mais aussi, si l’on remonte un peu le temps, à Napoléon 1er.

Nous sommes le 21 novembre 1806.  L’empereur occupe militairement une grande partie de l’Europe et, voulant aller plus loin, décrète un blocus continental contre l’Angleterre. Plus aucune marchandise anglaise ne peut débarquer dans les ports français. Cette décision bloque tous les bateaux, et donc ceux qui, venant des Antilles et des caraïbes, apportent le sucre de canne, le seul consommé alors. Même s’il s’agit à cette époque d’un produit de luxe plutôt réservé à l’élite, l’impact psychologique de cette pénurie auprès de la bourgeoisie inquiète l’Empereur. Il lui faut une solution.

Le potentiel inexploité de la Betterave

Napoléon n’ignore pas les travaux des scientifiques sur la possible extraction du sucre à partir de la betterave, mis en lumière en premier par le célèbre agronome Olivier de Serres en 1600. Ses travaux resteront ignorés pendant de longues années, mais, bien entouré par des experts brillants, Napoléon connait ce potentiel alors inexploité contenu dans la betterave.

Au milieu du 18e siècle, période des lumières où les découvertes, en particulier dans la Botanique et la Chimie, sont à leur apogée, on parvient à isoler le saccharose de la betterave et à le cristalliser. Il ne s’agit alors que d’une expérience de laboratoire jusqu’à ce que, 50 ans plus tard, en 1799, le chimiste Nicolas Deyeux, que Napoléon nommera plus tard Premier Pharmacien de l’empire, parvienne à trouver le moyen de généraliser le processus.

Le sucre français imposé par décret impérial

Il n’intéresse alors que très peu les entrepreneurs, jusqu’à l’année 1807 durant laquelle sous l’effet de la pénurie due au blocus, la possibilité d’un marché intérieur français pour le sucre se dessine. Le 19 novembre 1810, deux pains de sucre de betteraves cristallisés sont présentés par des chimistes aux membres de l’Institut de France. Napoléon comprend alors qu’il faut lancer rapidement dans tout le pays une vaste industrialisation sucrière pour damer le pion aux importations.

Il veut aller vite et fort. Il agit par décret. Le 25 mars 1811, l’empereur oblige la mise en culture de 32 000 hectares de betteraves en France, en particulier dans le Nord du pays.  Il interdit aussi le sucre de canne et impose son remplacement par le sucre de betterave produit en France. Napoléon mène ce combat pour le sucre français comme une bataille.

Crise et prospérité

Si cette méthode autoritaire provoque des réticences, et parfois des résistances parmi les agriculteurs qui refusent de respecter les quotas exigés ou qui simplement manquent d’expérience, le processus est lancé et des " sucreries" finissent, au-delà même du règne de Napoléon, par voir le jour un peu partout, principalement dans notre Région.

Mais après la chute de l'Empire en 1815, le sucre de canne fait son retour en France. Une année noire pour nos sucreries dont un grand nombre sont obligées de fermer. Face à cette hémorragie, une forte taxe est alors instaurée, en 1822, sur l’importation de sucre étranger.

La production est relancée et, pour répondre à la demande de sucre moins cher que celui produit à base de canne importée, des sucreries modernes sont construites un peu partout dans notre Région. En 1836, il y en a 50 dans la Somme et 45 dans l'Aisne, et encore beaucoup plus dans le Nord et le Pas-de-Calais. Aujourd’hui, les Hauts-de-France produisent plus de la moitié de la consommation française de sucre.