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Article publié le 10/03/2023
Mis à jour le 10/03/2023

Le 10 mars 1906, la catastrophe minière de Courrières a marqué à jamais notre mémoire

Le 10 mars 1906, la catastrophe minière de Courrières marque à jamais notre mémoire

Chaque 10 mars, le bassin minier rend hommage aux 1099 victimes de la plus grosse catastrophe minière de toute l'histoire. Une date fondatrice dans la mémoire ouvrière de la Région et du pays.

Dans les corons, ce samedi 10 mars 1906, annonce déjà le printemps. Le long des terrils, on entend les rires des enfants qui jouent tandis que les femmes s’affairent aux jardins et dans les maisons. C’est un samedi comme un autre pour le peuple de la mine de Courrières.

Aussi, lorsqu'a retenti comme chaque jour la sirène pour l’embauche et la relève du matin, alors que les  "gueules noires" s’entassent dans "la cage" qui les conduit "au fond", nul ne sait encore que cette journée sera la plus meurtrière de toute l’histoire des mines, écrivant la page la plus tragique de la mémoire ouvrière dans notre pays.

Les fosses les plus "grisouteuses" du bassin minier

Chacun savait, bien sûr, que les mines de Courrières étaient les plus "grisouteuses " du bassin minier. Cela n’empêchait pas les gueules noires, chaque jour, d’y descendre pour faire, la peur au ventre, simplement faire leur travail.

Le drame intervient à 6h45, peu après l’embauche, suite à un gros coup de grisou déclenchant à son tour un coup de poussières enflammées dans une des galeries de la veine Joséphine. Rapidement, la déflagration se propage dans les fosses de Méricourt, de Billy-Montigny et de Sallaumines. Et le bilan est très lourd : 1099 mineurs décédés au fond. Témoignant de la violence de l’explosion, un cheval qui travaillait au fond est projeté hors du puits, comme un simple boulet de canon.

Désespoir et colère dans les corons

La déflagration est si forte qu’elle est ressentie par les habitants jusque dans les communes voisines. Les familles des mineurs comprennent alors instinctivement que cette belle journée printanière sera marquée à jamais du sceau du drame et de la mort.

L'inquiétude et l'angoisse se propage immédiatement dans les corons, et une immense foule de femmes et d’enfants se presse alors vers les fosses pour avoir des nouvelles. Y a-t-il des survivants ? Qui ?

À la demande de la direction des mines, les grilles sont verrouillées et un cordon de 300 militaires du génie ainsi que 150 gendarmes empêchent les débordements tandis que, tant bien que mal, les secours s’organisent. Des centaines de cadavres sont remontés du fond. Presque aucun n’est reconnaissable.

Alors qu’il faisait si beau ce samedi 10 mars, il neige à flocons épais le lundi 13, jour où sont célébrées les obsèques des tous premiers morts retrouvés. Par centaines, les cercueils s’alignent dans un hangar à la fosse n°3 de Méricourt.

Grève générale et intervention de Clémenceau

Ils seront ensevelis deux mètres sous terre dans une tranchée de 18 mètres de long dans le cimetière de Méricourt-Coron, tandis qu’à Billy-Montigny, une autre chapelle mortuaire est improvisée dans un hangar avec trente-huit cercueils.

Chez les mineurs et leurs familles, l’émotion est intense. La colère aussi. Dès le lendemain des funérailles des victimes, une grève est déclenchée, la plus importante jamais vue dans le bassin minier.

Fraichement nommé Ministre de l’intérieur, Georges Clémenceau en personne vient, sans escorte, à la rencontre des grévistes. Il leur témoigne sa solidarité, mais leur demande de reprendre le travail. Les mineurs refusent et ce mouvement, qui aboutira à des augmentations de salaires et un renforcement des mesures de sécurité, reste comme l’un des plus longs et les plus durs de l’histoire ouvrière de la mine.

Dans la Commune de Méricourt, un monument, très sobre, rend hommage au souvenir des 1099 victimes de la catastrophe de Courrières. Non loin, une fosse commune appelée " le silo " abrite les ossements des 272 mineurs qui n’ont pu être identifiés.