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Article publié le 02/11/2022
Mis à jour le 02/11/2022

Le jour où, en Hauts-de-France, le Français est devenu pour toujours la langue officielle de notre pays.

A Villers-Cotterêts, dans l’Aisne, aujourd’hui en Hauts-de-France, le Roi François 1er impose, en 1539, l’usage exclusif du Français dans tous les documents officiels. Une disposition jamais abrogée et toujours en vigueur qui marque l’histoire de notre nation. 

Signée dans les Hauts-de-France en 1539 par François 1er, c’est la loi la plus ancienne toujours en vigueur dans notre pays. Et pour cause : c’est elle qui instaure le français comme langue officielle obligatoire de tous les actes juridiques et administratifs, en lieu et place du latin et, parfois, des langues régionales. Édictée par le Roi le 25 août 1539 sous forme d’ordonnance dans son château de Villers-Cotterêts, ce texte fondateur bien avant l’heure d’un des grands piliers de notre actuelle république est passé à la postérité sous le nom d’ordonnance de Villers-Cotterêts.

La langue Française, à cette époque, le « vieux François » n’est utilisé qu’assez minoritairement par le peuple. Pour beaucoup, elle reste la langue de la Cour, du pouvoir et…des Parisiens. Dans tout le pays, ce sont surtout les deux grandes langues régionales, la langue d'Oïl et la langue d’Oc, avec leurs centaines de déclinaisons locales, qui sont pratiquées au quotidien. Quant au latin, jusqu’ici langue juridique officielle, il n’est compris que par une toute petite élite savante, au demeurant très attachée à conserver ses privilèges.

« En langue maternelle française et pas autrement »

En instaurant l’obligation du Français dans la rédaction des textes législatifs, François 1er pose ainsi un acte profondément politique. D’une part en réduisant à néant le pouvoir de la petite caste des latinistes, d’autre part en incitant le peuple à se rapprocher du Français, la langue du pouvoir central, au détriment des langues locales. Par la langue, François 1er pose ainsi les bases d’un Royaume unifié.

Le texte de l’ordonnance de Villers-Cotterêts est sans ambigüité : « nous voulons que dorénavant tous les arrêts ainsi que toutes autres procédures, que ce soit de nos cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, ou que ce soit sur les registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments et tous les autres actes et exploits de justice qui en dépendent, soient prononcés, publiés et notifiés aux parties en langue maternelle française, et pas autrement ».

Deux siècles de bataille

Pour les tenants des pouvoirs locaux, c’est un sérieux coup dur. Beaucoup d’entre eux voient cependant une faille dans le texte royal. Pour eux, la mention « langue maternelle française » est un encouragement à l’utilisation des langues « maternelles » et, surtout, à leur incorporation dans le corpus général des langues « françaises ».

Dans tout le pays, la bataille fait rage sur l’interprétation de l’ordonnance et, même si le Français finit petit à petit par s’imposer, il faudra attendre plus de deux siècles pour qu’un décret révolutionnaire, le décret du 2 thermidor de l’an II, (20 juillet 1794), l’impose définitivement comme « seule » langue de « toute » l’administration.

Les Hauts-de-France berceau de la francophonie

Jamais abrogé par aucun des régimes successifs de notre pays, le texte de Villers-Cotterêts reste aujourd’hui dans notre Histoire comme le premier grand pas effectué pour la généralisation et la diffusion de notre langue française dans tout le pays, ainsi qu’à son unification.

Une fois encore, c’est dans les Hauts-de-France que fut ainsi écrite une page décisive du destin de notre pays. C’est à ce titre que le château de Villers-Cotterêts a été retenu pour accueillir la Cité Internationale de la langue française.