Contenu principal de la page
Article publié le 26/12/2023
Mis à jour le 27/12/2023

A Liévin, il y a 49 ans, la plus importante catastrophe minière après-guerre

© Le Site Des Gueules Noires

Ce mardi, les commémorations du 49ᵉ anniversaire de la catastrophe de Liévin ont lieu. Retour en images sur le plus grand accident de la mine de l'après-guerre, qui a causé la perte de 42 victimes.

Il est 6h19 ce vendredi 27 décembre 1974 quand un bruit sourd retentit au fond d'une galerie de la fosse 3 dite Saint-Amé du Siège 19 des mines de Lens à Liévin. 90 mineurs viennent de prendre leur poste, après quelques jours de trêve de Noël. 42 d'entre eux ne reverront jamais le jour.

Alors que la nouvelle se répand alentours, les familles, femmes et enfants des mineurs se précipitent sur place, mais les grilles restent fermées. Seules les autorités, et les ambulances, sont admises dans le périmètre. Les premiers secouristes pénètrent dans la fosse un peu avant 7h. Bientôt, les grilles s'écartent de nouveau, pour laisser filtrer les voitures funèbres : 41 hommes sont morts sur le coup. Un dernier, Pierre Bertinchamps, décèdera des suites de ses blessures. Plus d'une centaine d'enfants des corons miniers deviennent orphelins de père.

Très vite, la première caméra de télévision est sur les lieux. Les reporters pressent les premiers à remonter du fond. "C'est un coup de poussière", bredouillent-ils, hébétés. "On était à côté, on a entendu un bruit... J'ai participé aux secours", raconte un survivant. "C'est encore dangereux", poursuit-il.

Les mineurs employés sur les tailles voisines sont bien vite mobilisés pour les secours, mais leur aide demeure limitée. Ils n'en sont pas moins assaillis par les épouses et les proches des mineurs absents : on donne un nom, on demande des détails, on espère encore que le père, le mari, le fils en a réchappé. Il leur faut aussi sacrifier aux exigences de la télévision qui réclame leur témoignage, même s'ils n'ont pas grand-chose de précis à dire.

Vient ensuite le temps des explications techniques : l'ingénieur, pressé par la forêt de micros, confirme qu'il s'agit d'un coup de poussière et que le bilan (42 morts) est bien lourd. Il s'agit, dit-il, d'un "accident" ou plutôt d'une "catastrophe". Déjà à Liévin à la fosse 3 il y avait eu 9 morts en 1945, puis 10 dans un coup de grisou en 1957, et encore 21 à la fosse 7 en 1965. Mais là, il s'agit bien de la plus importante depuis "Courrières".

"Dans la nuit du 27 décembre 1974, on entendit des sanglots et des pleurs », commente le maire de Liévin. « Les Liévinois se sont unis face à ce drame. Un drame qui nous rappelle que la vie des mineurs ne tenaient qu’à un fil. »

Les houillères condamnées pour la première fois

Le 23 janvier 1981, le Tribunal de Béthune rend son jugement, sept ans après la catastrophe qui a coûté la vie à 42 mineurs de la fosse 3-3 bis de Liévin. Il prononce la "faute inexcusable de l'employeur". La Société des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais est déclarée civilement responsable du drame. C'est une première. Cependant, la société fera appel, et le jugement définitif, survenu en 1984, n'établira finalement pas "la faute inexcusable des Houillères", au grand dam des familles des victimes.

Le seul à payer restera l'ingénieur responsable de la fosse de Liévin, condamné à 10 000 francs d'amende pour "négligence en hommes et en matériel pour détecter la présence de grisou dans ce puits."

"Pour la première fois en France, une catastrophe minière n'est pas due à la fatalité", commente en tout cas le journaliste en préambule de ce reportage, diffusé le jour du premier jugement en janvier 1981.

Cet hommage permet de rappeler les conditions et le contexte de la plus grande catastrophe minière du Pas-de-Calais.

Un lieu de mémoire

La catastrophe signe la fin de l'exploitation minière à Liévin. La fosse n°3-3 bis devient un lieu de commémoration. L'église Saint-Amé, construite pour ces mineurs et leurs familles, arrête définitivement son horloge. Elle marque encore aujourd'hui 6h17, l'heure de la catastrophe.

27 décembre 1974 à Liévin, 42 mineurs sont frappés par un coup de grisou dans la Fosse Saint-Amé. Il est de notre devoir de ne jamais les oublier, ils sont plus que notre patrimoine commun et notre identité : nous leur devons aussi le redressement de notre économie après-guerre, Xavier Bertrand.

Pour aller plus loin


Documents téléchargeables

Le récit