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Article publié le 13/12/2021
Mis à jour le 13/12/2021

Parmentier, un homme des Lumières et des Hauts-de-France

Comment, parce qu'il a souffert de la faim en captivité, cet enfant de Montdidier est devenu l'un des plus brillants esprit des Lumières en popularisant la pomme de terre...

Ils ne sont pas nombreux ceux qui, comme Louis Pasteur ou Laennec par exemple, peuvent se prévaloir du titre de Bienfaiteur de l’Humanité. Antoine Augustin Parmentier, né en 1737 dans les Hauts-de-France à Montdidier, dans la Somme, est de ceux-là. Nous lui devons bien sûr la popularisation de la pomme de terre, mais aussi, c’est moins connu, des découvertes fondamentales sur la conservation des aliments.

C’est à l’âge de 15 ans que dans la petite ville de Montdidier le jeune Parmentier commence son apprentissage dans une petite échoppe, la pharmacie Frison, située sur la place principale de la commune. Doué et repéré pour sa curiosité, il poursuit sa formation à Paris alors qu’il a 18 ans. Deux ans plus tard, il est enrôlé dans l’armée pour participer à la Guerre de Sept Ans (1756-1763), où il servira comme apothicaire, poursuivant ainsi sa formation.

Affamé, il découvre la pomme de terre en captivité

Blessé puis fait prisonnier dans la région de Hanovre, c’est là, pendant sa captivité et affamé qu’il découvre pour la première fois les vertus d'un végétal inconnu en France, une solanacée qu’il appelle alors lui-même " pomme de terre ".  Revenu à Paris à la fin de la guerre, Parmentier termine ses études et, en 1766, devient officiellement apothicaire de l’Hôtel Royal des Invalides. Le jeune scientifique a de la suite dans les idées et, gardant à l’esprit le souvenir des vertus nutritives des pommes de terre qui le nourrirent pendant sa captivité, c’est à cette solanacée qu’il consacre ses travaux scientifiques, en particulier l’étude de sa composition chimique.

En 1881, il publie ainsi l’ouvrage qui allait révolutionner l’alimentation du peuple intitulé : "Recherches sur les végétaux nourrissants qui, dans les temps de disette, peuvent remplacer les aliments ordinaires, avec de nouvelles observations sur la culture des pommes de terre".  Il y propose -et recommande- la massification de sa culture pour endiguer les famines. Un problème de taille se pose néanmoins : comment faire connaître et apprécier aux Français ce drôle et difforme légume totalement inconnu ?

La fleur de pomme terre à la boutonnière de Louis XVI

Parmentier passera par le roi. En 1785, il fait apporter à Louis XVI des jolies tiges fleuries de pommes de terre, lui demandant de bien vouloir les porter à sa boutonnière. Le roi accepte, de même que Marie-Antoinette, qui en ornera sa coiffure. Il leur propose alors d’aller plus loin et de gouter la racine de ces jolies fleurs, qu’il appelle des " Parmentières".

Le couple royal et la cour sont conquis. La pomme de terre prend bonne place à la table du roi.  Dans la foulée, Parmentier obtient l'autorisation de planter deux hectares de champs de « parmentières » dans un champ de manœuvres militaires près de Paris, sur la plaine des Sablons à Neuilly-sur-Seine. Afin de susciter la curiosité – et la convoitise- du peuple, il les fait garder par des hommes en armes, mais seulement le jour.

Pari réussi

Un bruit court alors dans tout Paris : le roi ferait garder ses meilleurs trésors culinaires pour les soustraire au Peuple, preuve de leur préciosité. En un rien de temps, les champs sont alors pillés dès la tombée du jour… Et le pari de Parmentier de populariser la pomme de terre en France est réussi. Il faudra attendre plusieurs années toutefois pour une diffusion de masse. C’est aux prêtres et aux instituteurs qui la cultiveront systématiquement dans leurs jardins dans tout le pays que l’on doit ensuite sa généralisation auprès de la population, en particulier lors de la grande famine de 1789. La pomme de terre, qui sauva de la faim le jeune Parmentier lorsqu’il était prisonnier en Prusse des décennies plus tôt, ne deviendra un produit de base de notre alimentation que vers 1840.

Homme des Lumières et des Hauts-de-France

Si son nom est aujourd’hui associé à notre tubercule préféré, si nous lui devons entre autre les frites, la purée et pour certains de nombreux souvenirs de cantine, Parmentier fut avant tout un grand scientifique. Ses travaux sur le scorbut, la conservation des légumes, mais aussi du vin et de la farine ont tous révolutionné nos modes de consommation et de nutrition. Homme des Lumières et des Hauts-de-France, grand scientifique et humaniste reconnu, Antoine Parmentier s’éteint à Paris le 17 décembre 1813 des suites de la tuberculose. Au cimetière du Père Lachaise, sa tombe est entretenue par des Sociétés de pharmaciens. Jusqu’au début du 20e siècle elle était encore ornée de fleurs… de pommes de terre.