Contenu principal de la page
Article publié le 21/10/2016
Mis à jour le 01/10/2020

Micro-lycée : une nouvelle chance de réussir

Méconnus, les micro-lycées essaiment depuis le début des années 2000, partout dans l'Hexagone. Exemples dans les Hauts-de-France de jeunes qui ont fait face au décrochage scolaire et ont su rebondir.

C’est un petit article d’une quinzaine de lignes, paru dans les pages du journal, qui a changé le parcours de Pierre-Gilles Ochsner. "Les micro-lycées, je n’en avais jamais entendu parler, explique le jeune homme. Le journal évoquait des portes ouvertes. J’y suis allé." C’était la première étape vers la réussite… Après le collège, Pierre-Gilles hésite, se cherche. Une 2nde ST2S, une 1re ES suivie d’une 1re STI… Un peu globe-trotteur de l’Éducation nationale, il s’est frotté à différentes filières sans jamais s’y épanouir. Mais ça, c’était avant !

"Nous avons une charte de fonctionnement propre", explique Philippe Delignières, le directeur du site – le bâtiment F du lycée Delambre, situé dans les quartiers nord d’Amiens (80) –, sans carte scolaire. Âgés de 16 à 25 ans, avec un niveau de fin de collège, nos 60 jeunes viennent de tous les territoires." Leur point commun ? Avoir "décroché" du système scolaire pendant une année environ. Difficultés familiales, manque de confiance en soi, problèmes d’addiction, erreur d’orientation : les causes d’un décrochage peuvent être multiples, souvent croisées.

Le micro-lycée : un principe de fonctionnement très souple

La réponse ? Elle n’est en rien standardisée. "L’individualisation des parcours prime, détaille Philippe Delignières. Le travail d’un élève peut être différent de celui de son voisin, tout dépend de sa vitesse de réalisation et d’acquisition des connaissances. La souplesse des horaires est bien plus grande que ce qui se pratique dans un établissement classique, avec l’aide aux devoirs en français, mathématiques..."

Un exemple : venir quotidiennement au lycée peut se révéler être une épreuve pour un grand phobique. Aussi, l’équipe module les horaires, ses attentes. Le blocage de Pierre-Gilles ? "J’avais tendance à me mettre au travail au dernier moment. Avec nos professeurs du micro-lycée, la proximité est réelle, de quoi me redonner le goût d’apprendre, de faire un effort sur la durée." L’équipe pédagogique compte 8 enseignants, tous volontaires pour enseigner autrement, multipliant les exercices transversaux, décuplant l’accompagnement personnalisé.

Redonner l’envie

Bac pro "Commerce" ou bac technologique "Sciences et technologies du management et de la gestion" (STMG), option "Mercatique", telle était l’alternative proposée à Pierre-Gilles à son arrivée, puisque riche déjà d’une classe de 1re. Ce sont pour l’heure les 2 filières proposées dans le micro-lycée – un bac ES devrait être accessible à compter de la rentrée 2015.

"C’était un gros challenge, se remémore-t-il. En un an, charge à nous de rattraper le niveau de 1re et Terminale. Mais ce travail en petit comité – une quinzaine tout au plus, parfois moins - m’a fait beaucoup progresser. J’ai compris que si nous ne nous donnions pas, le résultat ne serait pas au rendez-vous. Cette année-là m’a donné la niaque !"

En route vers une belle carrière

2nde indifférenciée, idem pour la classe de 1re. Le choix de filière transparaît en terminale, avec des modules, des temps d’immersion possibles dans d’autres établissements. L’objectif est de redonner envie. Et ça fonctionne ! Son bac en poche, avec la mention assez bien sous le bras, Pierre-Gilles, requinqué par ces résultats des plus positifs, s’apprête à relever un nouveau défi : obtenir un brevet de technicien supérieur (BTS) "Management des unités commerciales". Il veut devenir commercial dans le monde agricole.

Son lieu de formation ? Le centre de formation d’apprentis Interfor, à Amiens. "On n’identifie pas les élèves selon les difficultés rencontrées avant, note Hassan Laaraj, le directeur. S’ils ont ou non rejeté le système scolaire à un moment, je ne fais pas le distinguo." Aujourd’hui, Pierre-Gilles se donne sans compter en cours, dans son entreprise d’accueil Manuland aussi, au point de ne pas hésiter à accumuler les kilomètres. "C’est clairement les études d’abord !"

Une ambition partagée par ses copains de promo dont deux sont partis étudier le droit ou le sport en faculté. Pour lui, l’idée d’une licence professionnelle fait son chemin…