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Article publié le 07/03/2025
Mis à jour le 07/03/2025

En cette journée du 8 mars, mettons à l’honneur 9 femmes des Hauts-de-France !

La femme est l’avenir de l’homme, selon la célèbre maxime du poète Louis Aragon. En cette journée du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, célébrons les femmes des Hauts-de-France qui ont forgé notre territoire et continuent de le faire rayonner. Des femmes emblématiques, inspirantes, courageuses, en avance sur leur temps… Nous vous faisons (re)découvrir 9 portraits de femmes d’hier et d’aujourd’hui.

Camille Claudel, le génie d’une sculptrice tourmentée, (1864-1943), née à Fère-en-Tardenois (02)

Originaire de Fère-en-Tardenois, dans l'Aisne, Camille Claudel a laissé une empreinte indélébile dans le monde de l’art. Dès l’enfance, elle explore avec son frère Paul, futur écrivain et diplomate, les mystères de la Hottée du Diable, un site naturel fascinant près de Villeneuve-sur-Fère. Ces formations rocheuses aux allures étranges auraient pu nourrir son imagination débordante et éveiller son amour pour la sculpture, qu’elle pratique avec de l’argile dès son plus jeune âge. Aujourd'hui, la maison familiale des Claudel reste un lieu emblématique ouvert aux visiteurs.

Camille Claudel est reconnue pour son talent exceptionnel et sa créativité audacieuse, des qualités qui captivent le célèbre sculpteur Auguste Rodin, dont elle devient l’élève, la muse et l’amante. Leur relation, aussi passionnée que tumultueuse, inspire des chefs-d'œuvre tels que Le Baiser. Cependant, malgré leur proximité artistique et affective, Rodin choisit de rester aux côtés de Rose Beuret, sa compagne de longue date.

Dans un monde artistique dominé par les hommes, Camille Claudel s'est illustrée par son audace et son indépendance, défiant les normes de son époque. Elle s’autorise à sculpter des nus avec la même liberté que ses homologues masculins, bousculant les conventions sexistes de l’époque.

Camille Claudel a incarné un génie unique, oscillant entre lumière et tourment, qui continue de fasciner et d’inspirer.

Camille Jedrzejewski, la jeune prodige du tir au pistolet, 23 ans, née à Compiègne (60)

Née à Compiègne, Camille Jedrzejewski, 23 ans, est une fierté pour les Hauts-de-France. Issue d’une famille passionnée de tir, elle a découvert ce sport à 9 ans en rejoignant le club de pentathlon moderne de Noyon (60) avec sa sœur. Sa progression fulgurante l’a menée à intégrer l’équipe de France à 14 ans et à se spécialiser dans le tir à 10 m et 25 m.

Avec des titres comme championne d’Europe junior en 2019 et médaillée d’argent aux Mondiaux 2021, Camille a ensuite brillé chez les seniors. Grâce à sa rigueur et son sang-froid, elle a décroché une médaille d’argent au tir à 25 m aux Jeux olympiques de Paris, marquant l’histoire de sa discipline. Une performance impressionnante pour cette athlète déterminée qui vise toujours dans le mille !

Margaux Carré, la pâtissière aux mains d’or, 27 ans, née à Laon (02)

C’est une travailleuse acharnée : Margaux Carré enchaîne, à 27 ans, les succès professionnels. Originaire de Laon (02), elle s’est installée à Lille (59) il y a plusieurs années et a ouvert ses deux boulangeries : La Fabrique, à Ronchin, et Baking Mama, dans le centre de Lille, en face du théâtre Sébastopol. 10 ans d’apprentissage en pâtisserie, chocolaterie artisanale, boulangerie, confiserie, cheffe d’entreprise… Margaux n’a eu de cesse d’avoir la gnaque et de s’accrocher : et cela a payé ! Aujourd’hui, elle peut se targuer d’avoir obtenu deux macarons au Gault&Millau. Non sans sacrifices, en enchaînant les nuits d’à peine 6h avec des levés à 2h du matin pour les journées les plus reposantes.

Cette jeune femme aux doigts d’or ne se destinait pas au départ à la pâtisserie mais à la médecine. C’est suite à un accident de parcours qu’elle changea de voie et se tourna vers un contrat d’apprentissage à l’âge de 15 ans, à la sortie du collège. Après deux premières années difficiles, elle changea d’entreprise et ce fut le déclic : apprentie à la boulangerie "Aux Délices de la Comtesse" (Ronchin), Margaux Carré finira par devenir propriétaire de la boutique où elle a passé son enfance, qu'elle rebaptisera La Fabrique en automne 2023. Et la consécration vint ensuite avec une inscription au Gault&Millau qui la mettait en concurrence avec la France entière. Une aventure inédite pour une pâtissière de moins de 30 ans et une fierté pour les Hauts-de-France !

L'une des créations phares de Margaux Carré : les pâtisseries sans sucre, en hommage à son grand-père diabétique, ce qui prouve sa capacité d’innovation et son aptitude à repousser ses limites. Venez les déguster !

Rose Bertin, les doigts de fée de Marie-Antoinette, (1747-1813), née à Abbeville (80)

Pionnière et visionnaire, Marie Jeanne Bertin, dite Rose Bertin, a révolutionné l’univers de la mode au XVIIIᵉ siècle. Originaire d’Abbeville, elle devint rapidement incontournable grâce à son talent et son esprit novateur. Allégeant les silhouettes et introduisant des robes de mousseline et de grossesse, ses créations séduisaient l’aristocratie.

Proche de Marie-Antoinette, qui la surnomma "Ministre des modes", Rose Bertin s’imposa comme une entrepreneuse avant l’heure, défiant les codes d’un milieu dominé par les hommes. Cependant, sa carrière souffrit de son association avec le luxe de la reine, et elle s’exila brièvement en Angleterre pendant la Révolution.

De retour à Paris en 1795, elle récupéra ses biens mais ne retrouva jamais sa gloire d’antan. Restée célibataire et dévouée à son art, Rose Bertin s’éteint en 1813, laissant derrière elle l’héritage d’une créatrice audacieuse et avant-gardiste.

Marguerite Yourcenar, la passion des Flandres et de la liberté, (1903-1987), née à Bruxelles (Belgique)

Née en 8 juin 1903, Marguerite Yourcenar, enfant de la région et génie de la littérature, fut la première femme à entrer à l'Académie française.

Première femme à entrer à l’Académie française le 6 mars 1980, bastion jusqu’alors réservé aux hommes depuis près de quatre siècles, Marguerite Yourcenar est une femme du Nord. "Des Flandres..." précisait-elle souvent. Née à Bruxelles (Belgique), c’est en effet à Lille qu’elle passa toute son enfance.

Femme libre, écrivaine de génie, l’auteure des "Mémoires d’Hadrien" et de "L’œuvre au noir " n’était contrairement à une idée reçue ni militante, ni féministe. Et si elle fut bien la première femme, non sans fierté, à pénétrer le bastion masculin de l’Académie, "c’est parce qu’il en fallait bien une" expliquait-elle. Défenseuse d’une "fraternité universelle", c’est en tant qu’écrivain, au nom de la littérature plus qu’en qualité de femme qu’elle concevait sa place sous la coupole parmi les "Immortels".

Son discours d’entrée à l’Académie, en appelant à Madame de Staël, à Colette ou Georges Sand ne laisse planer aucun doute : "on ne peut prétendre que dans cette société française si imprégnée d’influences féminines, l’Académie ait été particulièrement misogyne ; elle s’est simplement conformée aux usages qui volontiers plaçaient la femme sur un piédestal, mais ne permettaient pas encore de lui avancer officiellement un fauteuil", déclarait-elle sous la coupole.

Morte aux États-Unis, sa seconde patrie, le 17 décembre 1987, Marguerite Yourcenar, emporta avec elle ses souvenirs d’enfance du Mont-Noir. Elle aura ainsi consacré sa vie à la littérature, à la passion de vivre et à la liberté.

Jeanne Maillotte, un personnage entre légende et Histoire, (XVIe siècle), à Lille (59)

Une véritable héroïne au courage indéfectible : à cette période de l’histoire, Lille était sous domination des Pays Bas... Nous sommes le 29 juillet 1582 et Jeanne Maillotte exerce tranquillement le métier de cabaretière sur la place des bleuets à Lille. Brusquement, une horde de protestants calvinistes venus de Belgique surnommés les Hurlus attaque Lille par le faubourg de Courtrai. Jeanne alerte alors les archers de la confrérie de Saint Sébastien et, en prenant une hallebarde, elle entraîne avec elle le peuple lillois en résistance. Les Hurlus repoussés, Jeanne Maillotte entre ainsi dans la légende... Mais rien ne prouve l'existence réelle d'une Jeanne Maillotte à cette époque à Lille.

Ce personnage héroïque et frondeur reste gravé dans nos mémoires au travers de chansons, poèmes, et autres oeuvres d’arts qu’elle a inspirés. Alors Histoire ou mythe ? Le mystère demeure entier à ce jour mais Jeanne Maillotte est aujourd’hui le symbole du courage des femmes lilloises. A Lille, il existe une statue de Jeanne Maillotte, avenue du peuple belge.

Peut-être l’avez-vous croisée ? Jeanne Maillotte fait en effet partie de la grande famille des géants du nord et vous pouvez la rencontrer lors de divers processions et défilés aux côtés d'autres géants lillois célèbres. Avenue du peuple belge toujours dans le Vieux-Lille, on peut apercevoir la statue de Jeanne Maillotte réalisée par Edgar Boutry et inaugurée en 1935.

Marie Moret, l’ange du Familistère de Guise (02), (1840-1908), née à Brie-Comte-Robert (77)

Parcours extraordinaire que celui de cette femme du XIXe siècle qui consacra sa vie à la mise en place de préceptes éducatifs et pédagogiques. Elle devint l'assistante puis la compagne de Jean-Baptiste-André Godin, brillant chef d'entreprise aux idées visionnaires dont le Palais social, le Familistère de Guise peut être encore visité aujourd’hui, mérite le détour et est encore occupé par les ouvriers. Jean-Baptiste André Godin, qui défendait les valeurs du mieux-être social, fonda en 1880 l'Association coopérative du familistère à Guise dans l'Aisne afin que les ouvriers deviennent propriétaires de leur outil de travail. Un projet innovant et inédit dans lequel Marie Moret s’impliqua avec passion et le même esprit visionnaire que son époux.

Elle organisa le service de l'enfance du familistère, avec nourricerie et écoles, en s'inspirant des plus grands pédagogues de l'époque. Véritable révolutionnaire de l’enseignement du XIXe siècle, elle créa des classes mixtes avec des programmes identiques pour filles et garçons. Marie Moret mourra en 1908 après avoir rédigé une biographie complète de son mari. Près d'un siècle plus tard, le Familistère de Godin est toujours habité par les descendants des premiers ouvriers de la fonderie et est la preuve tangible que notre territoire a toujours été en avance sur son temps et résolument tourné vers l’avenir grâce à des hommes et des femmes de progrès.

Virginie Ghesquière, la femme soldat (1786-1867), née à Deûlémont (59)

Virginie Ghesquière, est un soldat, -eh oui, une femme !- qui s'enrôla dans l'armée napoléonienne à la place de son frère.

Elle est née à Deûlémont près de Lille dans le Nord de la France. Elle endossa l’uniforme à la place de son frère jumeau dont la santé fragile ne lui permettait pas de répondre à ses obligations militaires. Elle sert pendant six années et passe du grade de simple soldat à celui de caporal, de fourrier puis de sergent.

Elle prit part à de nombreuses campagnes et se démarqua par ses actes de bravoure et son courage infaillible. Un exemple : lors de la campagne du Portugal en 1808, leur ligne est enfoncée par les Anglais et le colonel commandant le 27e de ligne, blessé à la jambe et dont la monture avait été tuée par le même projectile, se retrouve isolé. Tous le croient mort. Virginie Ghesquière, à la faveur d'une trouée pratiquée à la baïonnette dans les rangs anglais exhorte ses camarades à aller chercher la dépouille de leur colonel mais ses deux compagnons sont tués en chemin avant que Ghesquière ne parvienne à l'arbre où gît la dépouille du commandant. Seule, elle ne parvient pas à hisser le corps sur son cheval. Les menaçant de son arme, elle interpelle deux Anglais, blesse l'un d'eux puis le second, et leur intime l'ordre de l'aider à placer le corps sur le cheval avant de les ligoter et de les attacher à la queue de son cheval.

Elle-même blessée, elle est démaquée lorsque le chirurgien qui veut lui prodiguer des soins lui ôte sa chemise.

Le général Jean-Andoche Junot informé de cette action d'éclat rencontre la jeune fille et lui décerne la croix de la Légion d'honneur avant de lui remettre son congé pour lui permettre de rentrer chez elle.

Virginie Ghesquière serait morte en 1867. Toutefois, aucun décès au nom de Ghesquière n'est enregistré à l'état civil de la commune en 1867. Alors mythe ou réalité ?

Claire Mounier-Vehier, le "pittbull" de la prévention des maladies cardio-vasculaires chez les femmes, née en 1962, ayant effectué ses études à Lille (59)

Elle se définit comme "un pitbull de la prévention". Pleinement engagée pour la prévention des maladies cardio-vasculaires, la professeure Claire Mounier-Véhier mène son combat avec détermination depuis de nombreuses années. Objectif : préserver la santé des femmes.

Professeure de médecine à Lille, Claire Mounier-Véhier est un "pitbull de la prévention" des maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité chez les femmes. Chef du service de médecine vasculaire au CHU de Lille et cofondatrice du fonds de dotation Agir pour le Cœur des Femmes, elle sensibilise sans relâche à l'importance d’une médecine préventive.

Diplômée de l’Université de Lille en 1991, elle s’est spécialisée dans les risques cardio-vasculaires féminins, notamment pendant la grossesse et à la ménopause. Convaincue qu'une bonne hygiène de vie peut éviter 80 % des maladies cardio-vasculaires, elle mène des campagnes d’information et a lancé des initiatives comme les Bus du Cœur, qui parcourent la France pour accompagner les femmes précaires dans leur suivi médical.

Claire Mounier-Véhier incarne l’engagement et la détermination pour sauver des vies et inciter chaque femme à devenir actrice de sa propre santé.

Avec Thierry Drilhon et Agir pour le Cœur des Femmes, elle a ainsi lancé les Bus du Cœur, qui font escale les villes de France. " C’est une grande opération itinérante qui a pour objectif de déployer des bus équipés dans les quartiers défavorisés des plus grandes villes de France et d’aller à la rencontre des femmes en situation de précarité sanitaire et sociale, afin de les remettre dans un parcours de santé." Plus d’informations sur www.agirpourlecoeurdesfemmes.com