Éducation par le sport : deux associations régionales nous font rêver

Et si le sport était la clé qui favorisait le vivre-ensemble mais aussi l'insertion des jeunes dans la vie professionnelle ? Chaque année, l'Agence pour l’éducation par le sport, soutenue par la Région, organise le concours Fais-nous rêver qui recense et valorise les initiatives des associations et autres acteurs locaux partout en France. Le 28 mars 2018, deux projets régionaux – Passer'elles, à Lille, et Boxons l'échec scolaire, à Roubaix (59) – ont été récompensés à Paris par les premier et deuxième prix Grand lauréat national au titre des meilleures initiatives de 2017.

Passer'elles crée des ponts

"Dans les quartiers prioritaires, sur huit personnes qui pratiquent une activité physique, sept sont des hommes ! déplore Alessandra Machado, de l'association Passer'elles. Notre objectif est de développer l’activité physique pour en faire un vecteur d’inclusion pour les femmes et les jeunes filles dans les quartiers de la métropole lilloise."

Pour les inciter à faire du sport, l'association propose une logique de non-mixité choisie pour certaines activités. "Ça permet d'éviter le renoncement, explique Alessandra Machado. On a la liberté d'être entre femmes, mais aussi de participer à d'autres activités mixtes." Passer'elles propose de la zumba, de la course à pieds, du renforcement musculaire... "Mais entre nous, ce pourrait aussi bien être de l'aqua-poney ! s'amuse Alessandra. Peu importe l'activité, ce qui est important pour nous, c'est de créer des ponts entre les personnes, les quartiers, les cultures… le sport, c'est bien plus que de la compétition !"

Passer'elles regroupe 200 adhérentes, dont la moitié vient des quartiers prioritaires de la ville.

À Roubaix, on boxe l'échec scolaire

Devenir sportif de haut niveau, c'est un bel objectif, mais y parvenir demeure exceptionnel. L'Association boxing club roubaisien a décidé depuis plusieurs années d'aller au-delà de ses missions sportives. "Avec le temps, on réalise qu'il est plus important d'aider nos jeunes à devenir des Hommes que des combattants," explique Karim Djemmal, entraîneur au club.

En 2010, le constat alarme les bénévoles du club : "beaucoup de nos jeunes avaient d'importantes difficultés scolaires et sortaient du système sans diplôme" se souvient Karim Djemmal. Pour prévenir ces décrochages scolaires, l'association a mis en place un accompagnement pour ses jeunes boxeurs par les étudiants adhérents au club et des professeurs des écoles environnantes.

Chacun parraine quatre ou cinq jeunes : "entre 30 et 40 élèves, du CM2 à la terminale, participent à des séances de soutien scolaire une à deux heures par semaine." Avec le temps, Karim Djammal a vu une vraie évolution même s'il reste modeste : "on ne fait rien d'exceptionnel, on n'est pas les seuls à faire du périscolaire, c'est normal : on a des enfants et on veut ce qu'il y a de mieux pour eux comme pour ceux des autres… Après, si un gamin s'en sort grâce à ce qu'on a mis en place, on aura réussi quelque chose !"

L'ABC roubaisien compte 180 adhérent(e)s, de 6 à 76 ans.