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Article publié le 07/04/2016
Mis à jour le 01/10/2020

La nouvelle génération d’ébénistes d’art se forme à Saint-Quentin

Le lycée des Métiers de l'ameublement dispense une formation d'exception, accessible à des élèves triés sur le volet : le Diplôme des métiers d'art (DMA) en ébénisterie. Le niveau d'excellence et le tour de main exigés y sont uniques en France.

A quelques pas du centre-ville de Saint-Quentin et de ses fameuses façades Art Déco, une poignée d’élèves travaille au cœur du lycée des Métiers de l’ameublement. Avec méthode et minutie, ils s’appliquent à façonner des meubles remarquables.

Dans l’atelier, ils sont onze garçons, une fille. Tous ont été rigoureusement sélectionnés, parmi plus de 1500 jeunes, pour composer la promotion 2015-2017 du Diplôme des Métiers d’Art (DMA), spécialité ébénisterie. Ils s’appellent Jonas, Antoine, Arnaud. Ils viennent des quatre coins de la France, du Sud-Ouest, de la Côte d’Azur, de la Bretagne. Certains ont obtenu leur baccalauréat avec mention, ont commencé un parcours universitaire, d’autres ont déjà un bac professionnel ou un Brevet des Métiers d’Art (BMA) en poche. Aujourd’hui, ils suivent une formation qui les mènera, d’ici un an, au sommet de leur art.

"Faire perdurer le savoir-faire à la française"

"Le DMA, c'est la crème de la crème, le plus haut degré de formation en ébénisterie en France", avance Jean-Claude Lallement. Depuis près de 20 ans, ce professeur est le responsable de l'enseignement technique du DMA auprès des futurs diplômés. Formé à l'ébénisterie à Nancy, l'homme aux fameuses moustaches rousses a d'abord fait ses gammes au Faubourg Saint-Antoine à Paris, "la Mecque des ébénistes". Il a ensuite choisi de se tourner vers la formation, pour transmettre son savoir.

"La formation est étalée sur deux années, d'un très haut niveau d'intensité, explique-t-il. Au cours de sa première année, l'élève doit réaliser des travaux probatoires, commandés par un client. La deuxième année, il devra répondre à un sujet imposé, qui permettra d'affirmer le côté transversal de sa formation, façonné en lien avec d'autres métiers."

Pour y arriver, les élèves du DMA pourront cumuler jusqu'à 8 semaines de stage par an. Avec toujours les mêmes maître-mots en tête : perfection, maîtrise, minutie, excellence. “L’idée n’est pas d’aller en stage chez des ébénistes, mais d’attiser sa curiosité en allant voir d’autres professionnels, d’autres spécialités. Cela peut-être chez un relieur, un ferronnier, un dentelier… Il existe 217 métiers d’art dans l’Hexagone et tous collaborent à faire perdurer le savoir-faire à la française.”

Du mobilier contemporain "héritage"

Derrière leurs établis, les futurs ébénistes mettent au point des présentoirs à bijoux, montés à la main et parés de chêne, de padouk d'Afrique, de cerisier. Marbella, qui possède des "corners" dans les grands magasins parisiens, a souhaité acquérir ces meubles pour exposer ses nouvelles collections au grand public. L'entrepreneure Adeline Moniez a donc confié au lycée saint-quentinois la lourde tâche de réaliser son mobilier, avec une condition : s'inspirer de la finesse des meubles hérités du XVIIe siècle pour en faire des modèles résolument contemporains.

"C'est le degré d'exigence de cette formation, qui demande une vraie culture artistique et historique, explique Anne Lehovetski, professeur d'arts appliqués. Nos élèves doivent, dès cette année, gagner en autonomie. Cela passe par des enseignements très spécifiques, dispensés en salle de classe, sur l'histoire de l'art, l'évolution des techniques… Le tout leur permet, au cours de deux ans de formation, d'acquérir de solides bases tant en matière de conception que de méthodologie, de connaissances historiques ou encore de références culturelles."

Taux d'embauche après formation : 100% !

Antoine est originaire de Hénin-Beaumont, une ville située à moins de 100 kilomètres de Saint-Quentin. Son avenir, il le voit loin des Hauts-de-France, très loin… "Je rêve de devenir luthier en Finlande. Et la voie royale pour réaliser mon projet de vie, c'est de décrocher le DMA". Aujourd'hui, il travaille sur un présentoir inspiré d'un cabinet Louis XVI. Ce meuble est composé de 6 pieds tournés, d'une entretoise, d'un caisson équipé de niches pour présenter les bijoux de peau Marbella. "Chaque geste doit être précis, maîtrisé. Mais j'ai encore beaucoup à apprendre, avoue l'élève. Au moindre doute, dès que je dois passer un coup de rabot ou de ponceuse, je demande conseil à mon professeur, pour parfaire mon tour de main."

Le jeune homme le sait, il a encore plus d'un an pour réaliser ses pièces de mobilier à la perfection. Il sait aussi que son choix de formation est le bon : après deux années passées en salle de classe, en atelier et en stage, 100% des élèves qui ont empoché leur DMA trouvent directement un emploi !

Certains vont devenir ébénistes et exerceront leur art à leur compte, d’autres iront travailler dans un bureau d’étude, dans un centre d’art contemporain ou dans un atelier de design, confirme Jean-Claude Lallement. Nous essayons de former nos élèves au règles fondamentales de l’ébénisterie. Charge à eux de les mettre au service de leur future profession. Et de transmettre, ensuite, leur savoir-faire et leur savoir-être aux générations qui suivront.

Nicolas et Jonas : apprentis ébénistes

Pour aller plus loin


Infos pratiques

Lycée des Métiers de l’ameublement
Rue Fleming, 02100 Saint-Quentin
03 23 65 09 98

ameublement.lyc.ac-amiens.fr