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Article publié le 24/01/2020
Mis à jour le 01/10/2020

Le ballon au poing, une tradition picarde qui a toujours ses fidèles partisans !

© Francisco Bento

Sport picard dont on retrouve des traces durant la période de l'Antiquité gréco-romaine, le ballon au poing compte toujours de nouveaux et nombreux adeptes, qui ont coutume, chaque année, de se rassembler le 15 août au Parc de la Hotoie à Amiens (80), jour des grandes finales. Zoom sur une tradition avec l'un de ses passionnés, Gilles Caron, historien et chroniqueur de la discipline.

15 août 2019. Nous sommes au Parc de la Hotoie, à Amiens (80). Une foule de 1 500 personnes s’est pressée pour être présente le jour J, jour des grandes finales. Du football ? Non, c'est de ballon au poing qu'il s'agit, un sport qui remonte à la nuit des temps mais qui est encore pratiqué de nos jours par de fervents adeptes. Une tradition fortement ancrée en Picardie, plus spécifiquement samarienne, un jeu de gagne-terrain sans filet qui demande beaucoup de force, d’adresse et de subtilité, se joue à 6 contre 6 à l'extérieur ou à 5 contre 5 en salle, et dont les points sont comptabilisés de la même manière qu’au tennis. Focus sur une tradition qui a toujours ses admirateurs !

Une tradition qui remonte à la nuit des temps, très vivace dans la Somme

"Au temps de l’Antiquité grecque et romaine, dans les écrits de l’historien latin Suétone, on retrouve les traces d’un sport qui s’apparente au ballon au poing. L’auteur y évoque notamment des échanges entre des jeunes gens qui faisaient rebondir sur leurs avant-bras une sphère en peau d’agneau ou de mouton. Au Moyen-Age, on trouve une gravure où l’on voit des personnes qui se font face et jouent avec une balle", explique Gilles Caron, passionné de ballon au poing depuis son enfance - son père et son grand-père l’emmenaient le dimanche assister à des parties de ballon. Aujourd’hui chargé de la communication à la Fédération Française de Ballon au Poing, chroniqueur, il anime par ailleurs des conférences autour de ce sport.  Depuis plus de six ans, aux Archives Départementales de la Somme, à la bibliothèque Louis Aragon d’Amiens, ou à la faveur de rencontres avec d’anciens ballonnistes, le nez dans les livres, les revues et les documents d’époque, il recueille des informations et mène de minutieuses recherches sur cette discipline sportive à laquelle il voue un culte.

Aujourd’hui, le ballon au poing est essentiellement pratiqué dans la Somme, à Amiens, Doullens, Corbie, Albert…. La Fédération Française de Ballon au Poing, qui a été reconnue officiellement par le Ministère de la Jeunesse et des Sports en 1972, compte à ce jour 700 licenciés parmi lesquels figurent 220 jeunes, qui, très engagés, font perdurer la tradition. Une "société", - comprenez "club" – se distingue en particulier, celle de Beauquesne (80), qui enchaîne les titres depuis des années et s'est vu couronnée 107 fois depuis 1939. Association très active dans cette commune, elle compte une vingtaine de joueurs seniors et une dizaine de jeunes qui possèdent une licence délivrée par la FFBP.

Un sport pratiqué dans les milieux ouvriers et vecteur de lien social

"Dans le monde du ballon au poing, tout le monde connaît tout le monde, explique Gilles Caron. C’est un milieu très familial. Cette tradition picarde a contribué à maintenir le lien social dans des villages où il n’y avait plus de café où se rassembler le dimanche, poursuit-il.  À partir de 1850, ce sport s’est développé dans les vallées industrielles de la Somme. Les ouvriers des usines Saint-Frères, par exemple, à Flixecourt (80), ou Carmichaël à Ailly-sur-Somme (80), se sont mis à pratiquer régulièrement ce sport. Ils avaient la possibilité de s’entraîner le dimanche, jour où ils ne travaillaient pas. Par la suite les paysans, qui ont découvert cette pratique du ballon et s’y sont intéressés, les ont imités. Mais soumis au rythme des récoltes des foins, des moissons, ils étaient dans l’impossibilité de s’entraîner régulièrement. Contrairement aux ouvriers, il leur a fallu de nombreuses années avant qu’ils ne remportent des drapeaux d’Excellence, prix qui ont été attribués à partir de 1906, en lieu et place des breloques et des bouteilles de vin qui récompensaient les joueurs autrefois."

Un vocabulaire spécifique, employé depuis le milieu des années 1800

Ne dites pas "match" mais "partie". Ne dites pas "service" mais "livrage", dites "catégorie" et non pas "division", "société" et non pas "club" : cette discipline possède une terminologie bien spécifique, en usage depuis au moins 170 ans ! Les spectateurs sont, quant à eux, appelés "la galerie" et les 6 joueurs sont nommés en picard : ch' foncier - ch’ti  qui  livre ch’premier - , chés deux basses-volées, ch' mitan d'corde et chés deux cordiers.

 

 

 

 

Pour aller plus loin


Infos pratiques

Fédération française de ballon au poing

Maison des sports – bureau 16

2 rue Lescouvé

80000 Amiens

Plus d’infos

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