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Article publié le 03/03/2022
Mis à jour le 08/03/2022

Auguste Ferdinand Mariette : Boulonnais, aventurier et père de l’égyptologie

Natif de Boulogne-sur-Mer, en Hauts-de-France, cet aventurier autodidacte est, au même titre que Champollion, le père fondateur de l'égyptologie. Tout ce que nous savons aujourd'hui sur la civilisation égyptienne, nous le lui devons.

Natif de Boulogne-sur-Mer, en Hauts-de-France, où il voit le jour en 1821, Auguste Ferdinand Mariette est, aux côtés de Champollion, le père de l’égyptologie moderne. Tout ce que l’on sait d’important aujourd’hui sur la civilisation égyptienne et l’ère pharaonique, nous le lui devons. Les plus prestigieux objets figurant dans la collection du musée du Louvre, c’est lui.  La découverte de 40 sphynx ensevelis sous le sable, celle de la nécropole de Saqqarah ou du célèbre sarcophage d’Ahmôsis, c’est encore lui.

Rien pourtant ne prédestinait cet enfant des Hauts-de-France issu de la petite bourgeoisie boulonnaise à devenir l’éminent égyptologue dont les travaux savants deviendraient des références universelles. Adolescent plutôt turbulent, on dirait de nos jours "hyperactif", il ne manifeste en effet que peu d’intérêt pour l’étude de l’histoire, préférant le dessin et la littérature.

Sans voie vraiment tracée ni diplôme important, il exerce alors au début de sa vie d’adulte toutes sortes de métiers : employé de mairie, correspondant du journal local, enseignant… Auguste Ferdinand Mariette s’ennuie dans cette vie sans perspective. Il passe ainsi beaucoup de temps au musée de la ville, fenêtre ouverte sur le monde et les connaissances.  Les quelques objets égyptiens exposés au musée de Boulogne interpellent sa curiosité ."Je suis entré dans l’Égypte par la momie du musée de Boulogne," écrira-t-il.

Dans les traces de Champollion

C’est à l’âge de 26 ans que son destin s’écrit, quand l'un de ses cousins, dessinateur auprès de Champollion qu’il avait accompagné en Égypte, décède brutalement. Auguste Ferdinand est alors désigné par sa famille pour répertorier les archives et les dessins rapportés par le cousin. C’est là, véritablement fasciné par les documents uniques qu’il découvre, qu’il il attrape pour la vie le virus de l’égyptologie. Il se met dès lors à tout dévorer : les travaux de Champollion sur les hiéroglyphes, qu’il apprend lui aussi à décrypter, les ouvrages savants, les cartes de l’Égypte antique…  Il apprend aussi à lire le copte et l'araméen. Nuit et jour, cette passion le dévore.

Totalement autodidacte et riche de sa seule soif de connaissance, il parvient alors à se faire engager comme simple commis par le musée de Louvre. C’est un travail ingrat et subalterne. Mais la passion qu’il y met et son incroyable érudition le font remarquer par ses directeurs, les égyptologues Emmanuel de Rougé et Charles Lenormant. Le Louvre lui donne alors sa chance et l’envoie en Égypte avec la mission d’évaluer et d’acquérir des manuscrits rares en langue copte, qu’il maitrise parfaitement. Cette mission échoue, mais le jeune Auguste Ferdinand ne se décourage pas. Avec l’argent envoyée par le Louvre, il organise la fouille du site de Saqqarah et met au jour l’un des plus précieux trésor de la civilisation égyptienne.

Nommé "Pacha" par le vice-roi d'Egypte

Dès lors, il ne quittera presque plus jamais l’Égypte, cette Égypte dont il avait tant rêvé les jours d’ennui dans les salles du musée de Boulogne-sur-Mer. Insatiable découvreur, il ouvre dans tout le pays de nombreux chantiers de fouilles. Memphis, Thèbes, Abydos, Karnak, Dendérah, Edfou, Deir el-Bahari, Tanis, Saïs, Mendès, Bubastis… C’est lui. Les découvertes d’Auguste Mariette nourriront ainsi les travaux et les principales publications scientifiques liées à l’égyptologie faisant encore aujourd’hui autorité. Reconnu et admiré en Égypte, où il fait ouvrir des musées pour le peuple égyptien, il gagne le titre honorifique  de "Pacha" en reconnaissance de ses travaux en faveur du patrimoine du pays. À Paris, il se fait nommer conservateur adjoint du musée du Louvre. Mais les honneurs ne l’intéressent pas. Aux réceptions mondaines, il préfère en effet les campements au pied des pyramides ou sur les berges du Nil.

C’est là désormais qu’il passera le plus clair de son temps, jusqu’à la fin de sa vie. Auguste Ferdinand Mariette, Mariette Pacha, s’éteint au Caire à l’âge de 60 ans, au terme d’une vie dans laquelle il sera allé jusqu’au bout de ses rêves et de sa passion. Il laisse en héritage à l’humanité la découverte de plus de 15 000 objets témoins de la grande civilisation égyptienne. À Boulogne-sur-Mer, un monument avec sa statue érigée au sommet d'une pyramide a été construit par Henri-Alfred Jacquemart et un lycée de la ville porte son nom.