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Article publié le 23/04/2020
Mis à jour le 30/04/2021

30 avril : les Hauts-de-France fidèles à l’esprit de “Camerone”

Fondatrice de la fraternité qui unit les légionnaires de toutes les générations, la commémoration de la bataille de "Camerone", chaque 30 avril, prend un sens tout particulier en Hauts-de-France.

Honneur et fidélité. Qui sont ces hommes que l’on voit, tout au long de l’année, venir se recueillir sur cette tombe de marbre noir dans une petite allée arborée du Cimetière du Sud à Lille ? Portant barbe souvent, se tenant droit et parlant peu, ce sont des légionnaires. Ils viennent ici pour rendre "honneur et fidélité" à la mémoire de l’un des leurs, Pharaon-Clovis Van den Bulke. Cet homme, décédé à Lille en 1894, est un des six survivants de la bataille de Camerone, au Mexique, le plus haut fait d’arme de la Légion étrangère.

A soixante-deux contre 2000

Nous sommes en 1863. L’empereur Napoléon III vient de lancer la campagne mexicaine pour, conseillé dit-on sur l’oreiller par son Epouse d’ascendance espagnole Eugénie Montigo, conquérir de nouveaux débouchés commerciaux dans cette partie du monde. Il veut aussi s’attirer les faveurs diplomatiques de l’Espagne et contenir l’expansionnisme américain.

Les armées françaises mobilisent alors plusieurs milliers d’hommes et se lancent à la conquête du Mexique. Le tout jeune légionnaire Pharaon-Clovis van den Bulke est de ceux-là, engagé dans la 3e compagnie du Régiment étranger, qui compte 62 hommes seulement, commandée par trois officiers : le capitaine Danjou et les sous-lieutenants Maudet et Vilain.

Tenir jusqu'au bout

La mission donnée à ce groupe de légionnaires bien trempés, pour contenir la très forte résistance des Mexicains qui met en échec les troupes françaises à Mexico: "tenir " coûte que coûte une position près de Palo Verde, dans la ferme du lieu-dit de Camerone. Face à ces "soixante-deux" retranchés dans des conditions de températures extrêmes, plus de 2000 mexicains, dont 800 cavaliers. Un pour 33 !  Il faut tenir.  Jusqu’au bout.

Ce 30 avril 1863, les légionnaires du capitaine Danjou tiendront 11 heures, jusqu’à l’assaut final des Mexicains qui les conduira au bout du sacrifice. Il n’y aura que six survivants et parmi eux Pharaon Clovis Van Den Bulke. Refusant d’abord de se soumettre à l’officier mexicain, qui leur demande de se rendre, ils acceptent mais à une seule condition : que les blessés soient soignés et que leurs armes leur soient laissées. L’officier mexicain accepte cette demande avec ces mots :  "On ne refuse rien à des hommes comme vous". Sur le monument toujours entretenu par le gouvernement mexicain et érigé sur les lieux du combat en 1892, on lit encore ces mots : " Ils furent ici moins de soixante opposés à toute une armée. Sa masse les écrasa. La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats français à Camerone le 30 avril 1863"

Unis en fraternité et dans le temps

Pour tous les légionnaires de toutes les générations, ce haut fait d’arme fonde la fraternité qui les unit dans le temps. La date du 30 avril est ainsi célébrée chaque année dans tous les régiments de la Légion étrangère, par une commémoration solennelle et un repas très codifié, avec un rituel de table très particulier mêlant sobriété, économie de mots et fraternité, rendant hommage à la devise de la Légion : honneur et fidélité.  Au-delà, c’est dans le cœur de chacun de ces hommes que s’inscrit et se transmet, de génération en génération, l’esprit de "Camerone". Celui qui conduit ces légionnaires anonymes, venus de toute la France et de l'étranger, dans le cimetière de Lille pour se recueillir tout au long de l'année devant la tombe de Pharaon-Clovis van den Bulke, héros de Camerone.