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Article publié le 07/01/2019
Mis à jour le 01/10/2020

Stomie : le CHU Lille innove pour les patients

Une équipe du CHU de Lille travaille sur une solution pour améliorer le quotidien de patients portant une poche de stomie.

Certaines maladies de l'appareil digestif (maladie de Crohn, ischémie mésentérique, cancer…) imposent de porter une poche. Cela se produit en cas de stomie, opération qui consiste à couper une partie de l'intestin et à faire une dérivation : la poche de recueil ainsi installée sert à récupérer le contenu digestif. Cette situation est contraignante et inconfortable, la poche devant être vidée régulièrement par le patient.

Dix ans de réflexion

Une équipe du CHU de Lille vient de recevoir un prix Santélys pour les travaux menés sur une solution alternative à cette poche. Son nom ? C'est le projet ExCEP (extra-corporel entéral prothèse). Celui-ci repose sur la fabrication d'une prothèse intestinale installée en by-pass, qui remplacerait la poche de recueil par une pompe mimant un segment intestinal.

Jean-Robert Nzamushe, chef de service de la chirurgie de l'urgence au CHU Lille, a eu l'idée en 2007. "Aussi utile soit-elle, j'ai réalisé combien la poche était pénalisante pour les patients. Comme ça, il paraît étrange que personne n'y ai pensé avant mais en réalité, trouver d'autres solutions, c'est techniquement assez complexe". En 2012, le praticien y consacre un Master. Les choses sérieuses vont alors vraiment commencer.

Une prothèse portative plus confortable

Au gré des étapes de réflexion et d'expérimentations, le matériel imaginé par Jean-Robert Nzamushe se perfectionne. Le choix des matériaux, l'impact du système de pompe sur l'organisme… tout est observé et optimisé. Une start-up, fi2med, voit d'ailleurs le jour grâce à cette initiative.

La solution sur laquelle planche l'équipe du CHU demeure un appareillage externe. Mais celui-ci présente de nombreux avantages : "contrairement à une poche, qu'il faut vider régulièrement, ça n'est pas comme un sac qu'on doit porter. Techniquement, la prothèse est reliée par un seul trou aux deux bouts de l'intestin. La pompe, alimentée par des batteries et qui s'enclenche quand c'est nécessaire grâce à des capteurs, est placée dans une ceinture qu'il suffit de porter à la taille, sous les vêtements. C'est donc moins visible. Cette solution apporterait aussi une réponse au problèmes de dénutrition et de déshydratation rencontrés avec une poche à cause de l'alimentation par les veines".

Une commercialisation en 2020 ?

Aujourd'hui l'équipe est proche de la solution : l'appareillage est quasiment prêt pour être posé sur l'être humain. Présenté lors de divers congrès professionnels à travers le monde, le projet - breveté et auréolé de plusieurs prix - reçoit de nombreux soutiens. Il faut "juste" attendre le feu vert des instances. Passer les certifications techniques, obtenir les autorisations administratives. Jean-Robert Nzamushe espère voir les choses se décanter fin 2019 pour une commercialisation en 2020.

Cette perspective a du sens dans la région : Lille dispose d'un centre référent sur les maladies de Crohn et, de façon générale, les indicateurs tabaco-alcooliques (particulièrement mauvais dans les Hauts-de-France) aggravent les risques de maladies abdominales. La Région Hauts-de-France, attentive au développement de la recherche médicale, apporte son soutien aux chercheurs par le biais du financement d'équipements et de bourses de recherche.