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Article publié le 14/05/2019
Mis à jour le 01/10/2020

Happy Drêche, l’économie circulaire qui mousse à Lille

Deux Lillois se sont lancés dans la fabrication de biscuits à base de la drêche, co-produit issu de l'élaboration de la bière.

Caroline et Christophe sont amis, ils sont Lillois et ils sont sensibles à l'économie circulaire : ils ont créé l'association Happy Drêche pour sensibiliser à la valorisation de la drêche.

Sensibiliser à la réduction des déchets…

La drêche, c'est ce qui reste de l'orge utilisé après l'étape de l'infusion dans l'eau chaude dans le cadre de la fabrication de la bière. Ce co-produit (ou sous-produit) est encore trop souvent relégué au statut de déchet, alors même que la drêche représente un résidu de 300 kg pour une production de 1 000 litres de bière. "Dans les micro-brasseries situées en milieu rural, elle sert pour l'épandage ou pour l'alimentation des animaux. Pour celles - de plus en plus nombreuses - implantées en ville, cette drêche finit en déchet. C'est un énorme gâchis sachant que c'est de la céréale qui a infusé et libéré ses sucres, mais qui garde encore énormément de propriétés nutritionnelles ! Beaucoup de fibres alimentaires, des protéines, des vitamines…" défend Christophe.

Happy Drêche est donc née, début 2018, avec la volonté pour le binôme de s'impliquer concrètement et localement sur la sensibilisation à la réduction des déchets et à l'économie circulaire. Avec un constat :"malgré l'importance de l'activité brassicole dans la région, qui est la 2e productrice de France et où on dénombre plus de 130 brasseries, il n'y avait pas d'initiatives de ce genre dans les Hauts-de-France".

… et transformer la drêche en biscuits

L'idée consiste donc pour l'association à récupérer ce co-produit auprès de deux micro-brasseries lilloises partenaires (Singe savant et Brasserie Lil) et de l'intégrer (en l'état ou, plus souvent, sous forme broyée ou en farine) dans la fabrication de produits alimentaires : spéculoos, granolas (mélange de céréales type muesli) salés et sucrés, crackers, cookies, falafels, gressins... "Les possibilités sont nombreuses !" assure Caroline, qui entretient un certain nombre de contacts (petits producteurs, étudiants de l'ISA, etc.) pour assurer la composition des recettes. Dans les faits, la drêche représente environ 30 % du produit fini.

Bien sûr, travailler sur des débouchés alimentaires exige le respect de normes de fonctionnement, d'hygiène et de sécurité. L'association a d'ailleurs été suivie par l'incubateur Euralimentaire et devrait être prochainement labellisée rev3.

Multiplier les initiatives locales

Au gré des rencontres faites là ou ailleurs, l'association cultive son réseau dans un esprit de proximité digne du bouche-à-oreille. Dans leur fonctionnement, ils ont ainsi récupéré le matériel d'une agricultrice de l'Oise - pour préparer notamment les éclats de pomme séchés de leurs granolas. Caroline et Christophe viennent de s'installer dans des locaux du côté d'Euratechnologies, partagés avec une mini-entreprise de restauration (fraîche et majoritairement bio) itinérante. L'esprit du circuit-court habite clairement Happy Drêche : les produits seront distribués lors d'événements spécifiques, vendus par les micro-brasseries partenaires ou encore en vrac par des partenaires comme "comment ça vrac", une épicerie bio ambulante.

Parmi les pistes de développement futur, Caroline et Christophe espèrent engager un partenariat avec une brasserie fonctionnant en réinsertion avec ESAT (Établissement et service d'aide par le travail). Ils souhaitent surtout faire des émules dans d'autres territoires pour que l'engouement en faveur de l'économie circulaire et de la réduction des déchets prenne toujours plus d'ampleur.

Vous aimez l'idée ? Happy Drêche est actuellement en lice au concours de la Fabrique Aviva dédié aux projets innovants et durables. N'hésitez pas à les soutenir.

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