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Article publié le 22/03/2016
Mis à jour le 01/10/2020

Cassandra Paradis, championne d’ébénisterie

Cassandra Paradis

Les 16 et 17 mars 2016, le lycée Le Caron d'Arras accueillait les sélections régionales des Olympiades des métiers. Dans l'épreuve d'ébénisterie, une ancienne finaliste nationale faisait son grand retour : Cassandra Paradis.

Retour aux sources pour Cassandra Paradis. Après un an passé Outre-Manche, dans une entreprise anglaise spécialisée dans le mobilier de luxe, la Picarde est de retour en France. Pendant deux jours, elle vient mesurer son savoir-faire à celui des meilleurs apprentis en ébénisterie de la nouvelle grande région. Son objectif : exceller pendant les sélections régionales des 44e Olympiades des métiers.

L'histoire de Cassandra Paradis avec cette compétition – organisée tous les deux ans aux quatre coins de l'Hexagone, puis à l'international – a des faux airs d'idylle. Tout commence en 2014, quand elle remporte une première fois les sélections régionales d'ébénisterie. S'en suivra une participation aux finales nationales, à Strasbourg, et le sentiment d'un travail qui reste à accomplir.

Deux ans plus tard, revoilà la jeune professionnelle avec son rabot au lycée Le Caron. Face à elles, 15 garçons et filles qui rêvent de briller dans un art qui ne laisse aucune place au hasard.

Entraînement de championne

Premier signe en faveur de Cassandra, peut-être comme un premier coup de pouce : la native de Marle (02) hérite du "dossard" n°13. Mais la compétitrice ne compte pas sur la chance pour réussir…

Son destin, elle a choisi de le façonner à la force de ses bras et de son mental. Alors, tous les jours, sans relâche, l'ancienne finaliste nationale s'est entraînée comme une championne. Un programme d'entraînement digne d'une sportive de haut niveau, ponctué par des tests et des répétitions incessantes pour être fin prête.

9h00, le 16 mars 2016 : le jury distribue aux 16 concurrents le sujet de la pièce à réaliser. 11h00, et pas une minute de plus, leur seront nécessaires pour effectuer une boîte à casse-têtes. "L'énoncé peut paraître assez facile, mais le concours est bien plus complexe qu'il n'en a l'air, avance Georges Lenglé, juré et enseignant au lycée Charlotte Perriand, à Genech (59). La boîte est équipée d'une plaque coulissante, où figure un frisage composé de frêne et de padouk d'Afrique. A l'intérieur, trois casse-têtes, qui comprennent chacun de nombreuses difficultés."

"Tout est jugé : la précision du tracé, la qualité du dessin, la découpe du bois, la maniabilité des objets, le montage des casse-têtes…, confirme Jean-Claude Lallement, lui aussi juré. Ce professeur au lycée des Métiers de l'ameublement, à Saint-Quentin (02) en profite pour garder un œil sur Cassandra, son ancienne élève. L'idée est de désigner, à l'issue de l'épreuve, le candidat qui aura la meilleure organisation et qui saura parfaitement gérer la pression inhérente à un concours de ce calibre."

Le souci extrême du détail

Dès le début de l'épreuve, la lampe frontale visée sur sa chevelure blonde, Cassandra répète ses gammes. Bien lire, puis relire l'énoncé, établir un planning de tâches à effectuer, commencer le traçage des côtes avant de passer à la découpe. Tout est calculé, préparé et exécuté à la perfection. Venu en visiteur éclairé, Constant Mulet regarde de près l'évolution de "sa" protégée. Fidèle compagnon de Cassandra – à la ville comme devant l'établi – il veille sur le moindre de ses mouvements, le choix de ses matériaux, la prise de chacun de ses outils.

"Les Olympiades, nous les avons tous les deux dans la peau, c'est le cas de le dire, sourit le jeune homme, pas peu fier d'arborer sur le bras un tatouage aux couleurs de la compétition… Moi, j'ai été désigné n°5 mondial lors de la 42e finale internationale des Olympiades des métiers. A Cassandra de jouer pour faire encore mieux. Elle est vraiment préparée pour ça : je lui ai organisé des séances intensives d'entraînement, pour répéter inlassablement les gestes qui la mèneront, je l'espère, vers les sommets."

Rendez-vous à Bordeaux !

Au fil de l'épreuve, Cassandra Paradis fait preuve d'un talent et d'une maîtrise à en faire pâlir ses concurrents. "Elle est vraiment, vraiment douée, confie un des candidats, en admiration devant la palette technique de sa concurrente. La perfection dans l'ébénisterie se cache dans un souci extrême du détail. Il n'y a qu'à voir sa façon de travailler : elle a terminé le polissage de sa boîte avec une brosse à ongles !"

Après onze heures d'efforts, le jury de la sélection régionale annonce la fin de l'épreuve. Un travail de longue haleine pour Cassandra, qui craque dans les bras de son coach et complice. Des pleurs qui laisseront place, quelques heures plus tard, à des larmes de joie à l'annonce du classement final… L'aventure de Cassandra Paradis se poursuivra bien à Bordeaux pour la finale nationale, organisée en mars 2017.

Le résultat est sans appel : elle termine l'épreuve avec 91,25 points sur 100, et écrase la concurrence. Le deuxième de l'épreuve pointe a cumulé plus de 25 points de retard… "Le premier objectif, passer les sélections régionales, c'est fait, confirme Jean-Claude Lallement. Maintenant, place à l'entraînement pour la finale nationale. Rendez-vous à Bordeaux. Il faudra compter sur nous pour l'ébénisterie."