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Article publié le 21/09/2016
Mis à jour le 01/10/2020

Alexandre Bloch : maestro transmetteur

Alexandre Bloch

A 31 ans, Alexandre Bloch devient directeur musical de l’Orchestre National de Lille. Musicien total et surdoué, convaincu que la musique peut contribuer à changer le monde, il succède à Jean-Claude Casadesus.

Jeune… Oui.  A 31  ans, Alexandre Bloch est "le jeune et brillant" chef d’orchestre qui prend la relève de Jean-Claude Casadesus, 80 ans dont plus de 40 passés à la tête de l'Orchestre national de Lille. On pourrait  s’arrêter là et tout serait dit. Tout sauf l’essentiel car on ne réduit pas Alexandre Bloch à sa date de naissance, le 4 septembre 1985 à Angers, ni au fait qu’il a déjà tenu la baguette face aux plus prestigieux orchestres symphoniques du monde.

Alexandre Bloch est avant tout un musicien total qui vit pour la musique et la passion de la transmettre. "La musique me passionne pour le bien qu’elle procure à chaque individu qui l’écoute. C’est une expérience qui s'éprouve physiquement puisque l’harmonie des sons provoque des vibrations qui engendrent elles-mêmes la vibration des molécules du corps humain" explique le musicien formé dès l’enfance au violoncelle, "instrument originel", avant de rejoindre en 2006 les classes de composition puis de direction du Conservatoire national de Paris. "En ce sens, la musique est fondamentalement transformatrice. C’est la génération de cette énergie qui peut contribuer à faire bouger les choses, la société peut-être, en touchant directement les humains au cœur et au corps."

Surdoué et engagé

Cette énergie, le chef confie la retrouver aussi dans la démarche même du concert : "Lorsqu’il assiste à un concert, le public est silencieux. Mais ce silence ne doit pas être confondu avec de la passivité, révèle le nouveau chef de l'Orchestre national de Lille. Bien au contraire…Vous n’imaginez pas, alors que je me tiens dos au public,  tout ce que je peux recevoir comme énergie de la salle. C’est cela un concert, un échange de concentration, de vibrations…"

Ce qui frappe d’emblée tous ceux qui rencontrent Alexandre Bloch, c’est l’expression de ce désir quasi irrépressible de transmettre la musique. Pour succéder à Jean-Claude Casadesus, qui a construit l’histoire de l’ONL  sur l’excellence et son implication pour la diffusion musicale dans toutes les composantes de la société, il fallait donc trouver un chef à la fois surdoué et engagé.

Lauréat en 2012 du concours Donatella Flick à Londres, l’un des plus courus du monde, Alexandre Bloch devient chef assistant du London Symphony Orchestra. La même année, il remplace au pied levé pour trois concerts le maestro Marris Jansons à la tête du  prestigieux Concertgebouw Orchestra d’Amsterdam. Invité à conduire les meilleurs orchestres dans le monde entier, il dirige aussi, en France, l’Orchestre national de France, l’Orchestre du Capitole de Toulouse et… l’ONL, avec lequel il crée en 2014 un concerto pour percussions de Guillaume Connesson. L’année dernière, Alexandre Bloch s'essayait même à un nouveau genre en dirigeant un ballet hip hop sur le Scherzo fantastique et L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky.

C’est donc un jeune musicien reconnu à la fois en France et à l’international (Bloch est aussi chef invité principal des Düsseldorfer Symphoniker) que l’ONL s’est choisi pour continuer d’écrire son histoire au XXI ème siècle. "Si je suis très heureux de travailler avec l’Orchestre national de Lille, c’est aussi parce que je me retrouve complètement dans ses valeurs, en particulier le travail accompli depuis sa création pour diversifier le public en allant vers des populations et des territoires différents" révèle-t-il.

Mais, bien sûr, il veut aller plus loin. "Ce qui m’intéresse, c’est que le concert soit un moment de partage. Il faut avoir conscience qu’un orchestre, en soi, est aussi une micro-société avec en son sein des personnes toutes différentes. En concert, il fait écho à une autre micro-société, constituée de la diversité des personnes du public. Il n’y a pas dans mon esprit d’un côté l’émetteur et de l’autre le récepteur, mais des personnes venues ensemble partager un moment de musique, de beauté et d’harmonie..."

"Il y a encore une grande place pour l'innovation"

Aller plus loin, pour le nouveau chef, cela passe aussi par la transformation de la forme même du concert traditionnel,  plus tout à fait en phase avec la société et les modes de vie d’aujourd’hui. "Je conçois facilement que tout le monde ne puisse rester 1 heure et demie assis en silence dans une salle de concert, continue le chef d'orchestre. Alors on peut tout à fait imaginer des concerts beaucoup plus courts, avec des présentations vivantes, mettant par exemple en valeur la découverte des instruments ou les couleurs de l’orchestre. Il y a encore une grande place pour l’innovation."

Symboliquement,  Jean-Claude Casadesus  lui transmettra la baguette lors du concert d’ouverture de la saison, le jeudi 29 septembre à Lille, au Nouveau Siècle, après avoir joué l’ouverture de l’opéra de Berlioz Benvenuto Cellini. Alexandre Bloch dirigera ensuite l’orchestre pour la création française d’inFALL, l’œuvre cosmologique d’Hector Parra en résidence à Lille, suivi du Concerto pour violon de Khatchaturian avant L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky…

Une soirée qui, d’ores et déjà, s’annonce exceptionnelle.