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Article publié le 01/07/2016
Mis à jour le 01/10/2020

2666, un marathon de théâtre made in Hauts-de-France

Julien Gosselin séduira-t-il Avignon avec 2666?© Simon Gosselin

Du 8 au 16 juillet, Julien Gosselin présente 2666 au Festival d’Avignon. Adapté d’un roman de Roberto Bolaño, le spectacle créé au Phénix de Valenciennes dure 12 heures.

En 2013, Julien Gosselin avait été la révélation du Festival d’Avignon avec son adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq. Originaire de Oye-Plage dans le Pas-de-Calais, le metteur en scène âgé alors de 26 ans s’est formé à Lille, à l’École Professionnelle Supérieure d'Art Dramatique (Epsad), comme la plupart des membres de son collectif Si vous pouviez lécher mon cœur.

12 heures de suspens et de rebondissements

Cette année, Julien Gosselin est à nouveau programmé au Festival d’Avignon avec un spectacle créé au mois de juin au Phénix de Valenciennes, dont l’artiste est associé. Il s’agit de 2666, une adaptation fleuve d’un roman fleuve écrit par l’auteur chilien Roberto Bolaño peu avant sa mort, et publié à titre posthume en 2004. Le roman de plus de 1000 pages devait à l’origine être édité en cinq tomes. L’adaptation proposée par Julien Gosselin respecte ce découpage en cinq parties, entrecoupées de quatre entractes, pour un total de… 12 heures.

Difficile de résumer 1000 pages et 12 heures de spectacle en quelques lignes ! Comme le suggère le titre de l’ouvrage, il est surtout question de la noirceur du monde et de la cruauté des hommes. Le fil conducteur de l’histoire est un mystérieux écrivain allemand, né en 1920, qui a vécu la guerre et le génocide juif et que l’on suit jusqu’à Santa Térésa, une ville du nord du Mexique où ont lieu d’atroces crimes contre de jeunes femmes. Avec beaucoup de suspens et de rebondissements, la pièce tient à la fois du polar, de l’histoire d’amour et du roman historique. Les variations d’ambiances et d’époques sont habilement orchestrées par l’usage de la vidéo et la présence de musiciens sur scène.

Ambiance de festival au Phénix

Les 18 et le 25 juin, le public du Phénix de Valenciennes a pu découvrir en avant-première ce marathon théâtral programmé à Avignon. Pour l’occasion, le Phénix avait mis les petits plats dans les grands et bichonné les spectateurs : eau, café et fruits secs à volonté à chaque entracte, mini terrain de foot et tables de ping-pong pour se dégourdir les jambes, cours de yoga et massages pour détendre ses cervicales… À elle seule la pièce de Julien Gosselin avait un petit air de festival.

À l’image de Nicolas, 30 ans, de nombreux habitués du Phénix étaient venus voir comment Julien Gosselin allait adapter le roman de Bolaño après avoir mis en scène celui de Houellebecq : "C’est quelqu’un qui maîtrise la mise en scène, ce qui m’intéresse c’est ce défi. Avec ma copine on s’était dit qu’on viendrait voir les trois premières parties, mais maintenant qu’on a vu le début, on a envie de rester jusqu’au bout."

Première à Avignon le 8 juillet

À l’inverse, Titi, 47 ans et Geneviève, 71 ans, habitant respectivement Preux-au-Bois et Grand-Fayt dans l’Avesnois découvraient le Phénix pour la première fois : "nous sommes venues avec notre association culturelle. C’est cette notion de temporalité qui nous intéresse. C’est une expérience à vivre collectivement. C’est une sorte de performance qu’on vit avec les acteurs."

Venu de Bordeaux pour la représentation, Robert Anutio, traducteur officiel de Roberto Bolaño était curieux de voir comment le metteur en scène allait adapter ce roman qu’il avait mis deux ans à traduire. Même si forcément, il regrettait que quelques personnages du roman aient disparu, au bout des 12 heures de spectacle il s’est déclaré tout simplement "impressionné" par le travail du collectif Si vous pouviez lécher mon cœur. Il reste maintenant à voir quel accueil la critique réservera à ce marathon. Réponse à Avignon dans la nuit du 8 au 9 juillet.

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